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Enfermement et torture au Xinjiang : que faut-il de plus pour réagir ?

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Amnesty International a publié un rapport complet sur les conditions d’internement des Ouïghours, Kazakhs et autres peuples musulmans de l’ouest de la Chine.
L'enseignante ouïghoure Qelbinur Sidik montre une photo de l'hôpital où elle dit avoir subi une procédure de stérilisation forcée le premier jour des audiences du Tribunal ouïghour, un panel d'avocats et d'experts des droits enquêtant sur les allégations d'abus contre les Ouïghours en Chine, à Londres le 4 juin. (Tolga Akmen/AFP)
publié le 10 juin 2021 à 19h31

«Ils ont amené la chaise du tigre dans notre cellule. On nous a dit que si on aidait [notre codétenu], c’est nous qui serions assis dans la chaise du tigre. C’était une chaise en métal, où ses bras et ses jambes étaient menottés et enchaînés. Son torse était attaché au dossier par du ruban adhésif. Il est resté ainsi trois nuits. Il urinait et déféquait dans la chaise. Son fessier était blessé. Ses yeux semblaient inconscients. Au bout de trois jours, ils l’ont emmené hors de la cellule. Puis il est mort.» Ce témoignage est tiré du dernier rapport d’Amnesty International, titré Comme si nous étions ennemis de guerre : Internements, torture et persécutions perpétrées à une échelle massive contre les musulmans du Xinjiang. Lourd de 160 pages, il décrit la mécanique de l’enfermement menée depuis 2017 dans cette région de l’ouest de la Chine.

Les enquêteurs d’Amnesty ont interrogé 55 anciens détenus dans les camps du Xinjiang. Tous ont subi des «tortures, un traitement cruel, inhumain, dégradant ou des punitions». Leur récit est à la fois identique et différent. Identique dans la volonté institutionnalisée de détruire, de mater, de briser. Différent dans l’échelle et la panoplie de la cruauté. Pour tous, le froid, la soif, la saleté, la lumière artificielle jour et nu