Menu
Libération
Reportage

Entre les deux Corées en guerre, la nature a repris ses droits

Article réservé aux abonnés
Corée du Nord, l'escaladedossier
Depuis 1953 et la fin des affrontements de Corée, une zone démilitarisée coupe la péninsule en deux. De nombreuses espèces menacées y ont trouvé refuge, malgré les mines et les perspectives de développement économique à ses abords.
Près de la ville de Kaesong, en Corée du Nord, vue depuis l'île sud-coréenne de Ganghwa, le 8 novembre 2024. (Anthony Wallace /AFP)
par Arthur Laffargue, correspondant à Séoul
publié le 17 novembre 2024 à 6h00
(mis à jour le 24 novembre 2024 à 14h15)

Indifférentes aux divisions qui règnent entre les hommes, elles volent, de fleur en fleur. Les «petites chéries» de Cho Seong-hoan peuvent passer librement la frontière pour aller butiner au Nord, là où le nectar et l’eau sont de meilleure qualité car la nature «n’est pas polluée». Cet apiculteur, installé au cœur de la zone démilitarisée (DMZ) intercoréenne, a repris l’exploitation familiale à la mort de son père en 2022, après avoir travaillé à ses côtés pendant près d’une décennie.

La DMZ, une bande de terre longue de 248 km et large d’environ 4 km qui coupe la péninsule coréenne depuis l’armistice de 1953, est accidentellement devenue un havre de biodiversité. En l’absence d’activité humaine, hormis les patrouilles des différentes forces s’y trouvant, la nature a repris ses droits. Les abeilles de Cho Seong-hoan peuvent y produire un miel «écoresponsable», quasi impossible à trouver ailleurs dans une Corée du Sud densément peuplée et très industrielle.

Ses 200 ruches se situent plus exactement dans la zone de contrôle civile (CCZ), large de 8 km, qui fait office de tampon entre la DMZ et le reste du pays. Pour accéder à ses insectes bien-aimés, l’ancien céramiste de 59 ans doit chaque jour passer par le checkpoint du pont de l’Unification, et revenir chez lui, à Paju, avant le coucher du soleil. Flanqué de ses deux sapsals, une race de chien coréenn