Menu
Libération
Pacte

Face à la montée des eaux, l’Australie va offrir l’asile climatique aux habitants des Tuvalu

Perdu dans le Pacifique, le riche archipel fait partie des nations les plus menacées par le changement climatique et la montée des eaux.
(Ashley Cooper/Getty Images)
publié le 10 novembre 2023 à 14h32

Malgré ses eaux turquoises, l’archipel des Tuvalu pourrait bientôt se retrouver désert en raison de la montée des eaux qui grignote ce mini-territoire de l’océan Pacifique. Grâce à un traité rendu public ce vendredi 10 novembre, l’Australie a annoncé qu’elle allait offrir progressivement des droits «spéciaux» aux habitants de cet ensemble d’îles polynésiennes leur permettant de venir vivre, étudier et s’installer en Australie. «Nous croyons que le peuple de Tuvalu mérite d’avoir le choix de vivre, étudier et travailler ailleurs, alors que le changement climatique empire», ont déclaré dans un communiqué conjoint le Premier ministre australien Anthony Albanese, au côté de son homologue de Tuvalu Kausea Natano. Menacés par la montée des eaux, les 11 000 citoyens de l’archipel font partie des nations les plus touchées par le changement climatique.

En vertu de ce traité – qui doit encore être ratifié par les deux Etats pour devenir effectif –, les occupants de l’archipel pourront bénéficier d’un «accès aux services australiens qui leur permettront une mobilité dans la dignité». Afin d’éviter toute «fuite des cerveaux» trop dommageable, le nombre d’entrées sera toutefois limité dans un premier temps à 280 personnes par an. Outre les droits «spéciaux», l’accord entend aussi permettre aux Tuvalais de «conserver les liens ancestraux profonds» qui les unissent à leur terre et à la mer.

Depuis plusieurs années maintenant, le petit ensemble d’îles du Pacifique est grignoté par la montée des eaux. Deux de ses neuf récifs coralliens ont déjà été engloutis, et ce n’est qu’une question de temps - moins d’un siècle à en croire des experts - avant que l’intégralité de son territoire ne devienne inhabitable. Pour venir en aide au territoire, l’Australie s’est engagée à mobiliser 16 millions de dollars australiens (9,5 millions d’euros), qui serviront à consolider les côtes de Tuvalu qui s’érodent et récupérer les terres submergées. Le texte déplore cependant que le passage à l’action soit si tardif, les conséquences du réchauffement climatique étant déjà palpables.

Un «grand pas en avant» pour la stabilité régionale

Ce pacte peut représenter une victoire stratégique pour Canberra, qui entend renforcer son influence dans la région face à la présence accrue de la Chine. Le traité comporte notamment un volet défense, engageant l’Australie à venir en aide à Tuvalu en cas d’«agression militaire», mais aussi de catastrophe naturelle ou de pandémie. Il permet aussi à Canberra d’avoir son mot à dire à propos de tout pacte de défense que l’archipel signerait avec d’autres pays.

Un avantage non négligeable, d’autant plus important que les îles Salomon, à l’ouest de Tuvalu, en ont conclu un avec Pékin, autorisant le déploiement de forces armées chinoises sur leur territoire. Mais le rapprochement entre les petits états insulaires et l’Australie ne va pas de soi. En particulier à cause de la dépendance de Canberra au charbon et aux exports de gaz : deux postes économiques polluants critiqués par les nations des environs, qui subissent déjà de plein fouet la montée des eaux et une météo de plus en plus extrême. Qualifiant le traité de «lueur d’espoir» pour sa nation, le Premier ministre de Tuvalu, Kausea Natano, a quant à lui salué un «grand pas en avant» pour la stabilité régionale.