A la situation humanitaire préoccupante et l’exode massif de la population vient s’ajouter une catastrophe. Lundi 25 septembre au soir, l’explosion d’un dépôt de carburant a fait plus de 280 blessés au Haut-Karabakh et au moins 20 morts. «Malheureusement, la vie de sept patients n’a pu être sauvée, ils sont morts à l’hôpital. Des dizaines de patients sont toujours dans un état critique. Treize corps non identifiés ont été transférés au bureau d’expertise médico-légale», ont indiqué les autorités séparatistes arméniennes, dans un communiqué ce mardi 26 septembre au matin.
Elles demandent également une assistance extérieure urgente pour faire face à cette catastrophe. «La majorité des blessés sont dans un état grave ou très grave, a déclaré le chargé des droits de l’homme de la république autoproclamée, Gegham Stepanyan, sur les réseaux sociaux. Les capacités médicales du Haut-Karabakh ne sont pas suffisantes. Une aide médicale aéroportée doit atterrir très vite pour sauver des vies humaines.»
As a result of the explosion in the fuel warehouse, the number of injured exceeds 200.
— Gegham Stepanyan #StopArtsakhBlockade (@Gegham_Artsakh) September 25, 2023
The health condition of the majority is severe or extremely severe.
The medical capacities of NK are not enough.
Sanitary aviation must land very urgently to save people's lives.
Dans le même temps, l’exode de milliers d’Arméniens du Haut-Karabakh se poursuit, près d’une semaine après l’invasion éclair par l’Azerbaïdjan de cette enclave du Caucase majoritairement peuplée d’Arméniens. Plus de 19 000 réfugiés fuyant la région sont arrivés en Arménie, signale mardi Erevan, après la capitulation des séparatistes dans cette enclave disputée. «Le gouvernement fournit un hébergement à tous ceux qui n’ont pas d’endroit où vivre», assurent les autorités arméniennes, précisant que l’enregistrement des réfugiés se poursuivait.
Reportage
D’immenses embouteillages sont visibles sur l’unique route reliant sa «capitale» Stepanakert à l’Arménie. L’Azerbaïdjan s’est engagé à permettre aux rebelles qui rendraient leurs armes d’aller en Arménie. Beaucoup craignent que les Arméniens ne fuient massivement le Haut-Karabakh, au moment où les forces azerbaïdjanaises resserrent leur emprise.
40 000 réfugiés attendus en Arménie
Car outre l’angoisse qui règne parmi les quelque 120 000 habitants de la région, la situation humanitaire y demeure très tendue. Devant le théâtre de Goris, dans la région arménienne de Syunik, des minibus blancs arrivent sans cesse. D’autres repartent, leurs coffres chargés de bagages, en direction d’Erevan et des grandes villes du pays. L’afflux dans cette ville d’une vingtaine de milliers d’habitants, première étape pour les réfugiés du Haut-Karabakh, a commencé dans la soirée de dimanche. Passé le poste de Kornidzor, tout de suite après la frontière, ceux qui n’ont nulle part où aller sont amenés là. La semaine dernière, Nikol Pachinian a annoncé que son pays de 2,9 millions d’habitants se préparait à accueillir 40 000 réfugiés.
Et ce, malgré la promesse de l’Azerbaïdjan, réitérée lundi par son président, Ilham Aliev, que les droits des Arméniens qui resteront dans cette enclave conquise par son armée seraient «garantis». Le dirigeant s’exprimait au côté de son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, acteur clef dans la région, quelques jours seulement après la victoire éclair des soldats azerbaïdjanais contre les troupes de la «république» autoproclamée du Haut-Karabakh, territoire en majorité peuplé d’Arméniens rattachée en 1921 à l’Azerbaïdjan par le pouvoir soviétique.
L’Union européenne doit recevoir ce mardi à Bruxelles de hauts représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan, deux anciennes républiques soviétiques qui se sont affrontées militairement au Haut-Karabakh de 1988 à 1994 (30 000 morts) et à l’automne 2020 (6 500 morts). Le bilan de l’invasion-éclair de la semaine dernière est de 200 morts, selon la partie arménienne.
Simon Mordue, principal conseiller diplomatique du président du Conseil européen Charles Michel, présidera cette rencontre à Bruxelles. L’Azerbaïdjan et l’Arménie, ainsi que la France et l’Allemagne, seront représentés par leurs conseillers nationaux à la sécurité. Le représentant spécial de l’UE pour le Caucase du Sud, le diplomate estonien Toivo Klaar, participera également.
Interview
Le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et Ilham Aliev se rencontreront pour leur part le 5 octobre à Grenade, en Espagne, avec la participation du président français Emmanuel Macron, du chancelier allemand Olaf Scholz et du président du Conseil européen Charles Michel, une rencontre prévue de longue date qui n’a pas été annulée.
Mise à jour : à 15h16 avec le chiffre de plus de 19 000 réfugiés.