Les autorités hongkongaises sont déterminées à effacer toutes les traces d’Apple Daily, quotidien libéral emblématique et critique du pouvoir chinois. Le 24 juin, le journal était contraint de cesser toutes ses activités, mis sous pression par la loi sur la sécurité nationale. Cinq de ses rédacteurs en chef avaient été arrêtés quelques jours plus tôt, le 17 juin, au terme d’une perquisition dans les locaux du quotidien. Puis c’est l’éditorialiste le plus en vue du journal, Yeung Ching-kee, qui était interpellé. Dimanche, un septième responsable d’Apple Daily, Fung Wai-kong, a été à son tour mis en détention.
La police de Hongkong a annoncé que l’homme de 57 ans a été arrêté à l’aéroport. Elle l’accuse de «conspirer avec des pays ou puissances étrangères en mettant en danger la sécurité nationale» et précise que les investigations continuent. Selon le South China Morning Post, le rédacteur en chef s’apprêtait à s’enfuir au Royaume-Uni.
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Répression contre les journalistes prodémocratie
En parallèle de ces arrestations, 18 millions de dollars hongkongais, soit 1,94 million d’euros d’actifs avaient été gelés le 17 juin, empêchant ainsi le journal de payer ses salariés et donc de poursuivre ses activités. Après vingt-six ans d’articles au ton critique et indépendant, la vente du dernier numéro d’Apple Daily, tiré à un million d’exemplaires, avait attiré une foule nombreuse dans les kiosques.
Parmi les journalistes arrêtés le 17 juin, deux d’entre eux ont été inculpés pour «collusion avec des forces étrangères» en raison d’une série d’articles appelant à des sanctions internationales contre les dirigeants chinois et placés en détention provisoire. L’éditorialiste Yeung Ching-kee, interpellé pour les mêmes faits quelques jours plus tard, a été remis en liberté sous caution.
Le propriétaire du tabloïd, le populaire magnat de la presse Jimmy Lai, est lui aussi en prison. Il a été condamné à plusieurs peines de prison pour son implication dans des manifestations prodémocratie en 2019. Il est également inculpé en vertu de la loi sur la sécurité nationale, des faits passibles de la prison à vie. Dans un communiqué publié lundi, l’Association des journalistes de Hongkong a affirmé que les événements récents, notamment le sort réservé à Apple Daily, ont presque «mis fin à la liberté de la presse» dont jouissait jusqu’à présent le territoire.