Un procès sous haute surveillance. Douze militants pro-démocratie emprisonnés à Hongkong pour subversion, font de nouveau face à la justice, ce lundi 14 juillet, dans le cadre de leur appel. Tous contestent leurs peines prononcées en novembre 2024 lors du plus grand procès de sécurité nationale jamais organisé dans cette région du sud de la Chine. Au total, 45 figures de l’opposition avaient été condamnées à de la prison ferme pour avoir organisé en 2020 une élection primaire officieuse, qualifiée de complot par les autorités.
Les membres de ce groupe hétéroclite d’ex-parlementaires, élus de quartier, universitaires ou syndicalistes, du modéré au radical, avaient été arrêtés lors d’une descente en 2021. Certains ont déjà passé plus de quatre ans derrière les barreaux. L’étau s’est considérablement resserré autour des adversaires du pouvoir local depuis l’imposition par Pékin d’une loi stricte sur la sécurité nationale, après les manifestations pro-démocratie massives de 2019.
«Je veux les soutenir»
Les anciens députés du Parlement local Leung Kwok-hung, Lam Cheuk-ting, Helena Wong et Raymond Chan font partie des douze requérants qui contesteront leurs peines au cours d’audiences censées s’étaler sur dix jours. Parmi eux, le militant Owen Chow, 28 ans, a écopé de la plus lourde : sept ans et neuf mois de prison. Un treizième requérant, l’élu municipal Michael Pang, a finalement retiré son appel lundi matin.
Plusieurs dizaines de policiers étaient déployées devant le tribunal de West Kowloon, dans le nord du territoire, où le public faisait la queue pour assister au procès. «Ils ont fait un sacrifice, […] j’espère qu’ils comprennent que les Hongkongais ne les ont pas oubliés», a expliqué un homme se présentant comme M. Chow, trentenaire et travaillant dans le secteur hospitalier. M. Chan, un retraité de 66 ans, a dit se sentir «sans défense» à cause de ce procès, estimant que l’intérêt du public faiblirait après quelques jours. «Je n’attends pas de résultat [positif], mais je veux les soutenir», a-t-il ajouté.
Reportage
«Le seul moyen de rétablir l’image de la ville comme un endroit où les droits sont respectés et où les gens sont autorisés à exprimer librement leurs opinions, sans crainte d’être arrêtés, est d’annuler ces condamnations», a déclaré la directrice d’Amnesty International pour la Chine, Sarah Brooks. Les Etats-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni ont estimé que ce procès mettait en lumière l’érosion des libertés et de l’opposition politique dans l’ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997.
Au début de l’audience, les procureurs ont contesté l’acquittement en première instance de l’avocat Lawrence Lau. Ce dernier est l’un des deux seuls membres des «47 de Hong Kong» à avoir été déclaré non-coupable. «Je n’ai jamais demandé la démission du chef de l’exécutif, je n’ai jamais demandé le veto sans distinction du budget», a rétorqué l’intéressé, en référence aux accusations portées contre les militants.
«Crise constitutionnelle»
Par leur primaire officieuse, ils espéraient améliorer leurs chances d’obtenir la majorité législative pour ensuite forcer le gouvernement à accéder à leurs demandes, parmi lesquelles l’instauration du suffrage universel, sous peine d’un veto de son budget. Trois juges choisis par les autorités pour traiter les affaires de sécurité nationale ont évoqué un plan qui aurait provoqué une «crise constitutionnelle».
Huit opposants, dont l’ex-journaliste devenue avocate Claudia Mo et le défenseur des droits LGBT + Jimmy Sham, ont purgé leur peine et été libérés ces dernières semaines. En parallèle, l’un des derniers partis d’opposition encore actifs à Hong Kong, la Ligue des sociaux-démocrates (LSD), s’est officiellement dissous fin juin, face à ce que la formation a qualifié de «pression politique immense».