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Libération

Hongkong : le camp pro-démocratie manifeste pour la libération de 47 opposants

Hongkong sous le joug de Pékindossier
Des centaines de personnes se sont rassemblées ce lundi pour demander la libération de figures du mouvement pro-démocratie, jugées pour avoir participé aux primaires de l’opposition en juillet. C’est la première fois depuis des mois que l’ancienne colonie britannique connaît une mobilisation de cette ampleur.
A Hongkong, ce lundi. (Peter Parks/AFP)
publié le 1er mars 2021 à 16h18
(mis à jour le 1er mars 2021 à 16h18)

La répression judiciaire ne faiblit pas à Hongkong. Ce lundi, 47 figures du mouvement pro-démocratie, accusées de «subversion», sont présentées devant le tribunal de Kowloon. Leur nombre a nécessité l’ouverture de trois salles d’audiences. Le gouvernement local, inféodé à Pékin, montre une fois de plus sa détermination à écraser l’opposition en se servant de son arsenal législatif répressif.

A la suite des mobilisations millionnaires de 2019 pour la défense de l’indépendance de Hongkong vis-à-vis de la Chine continentale, le Parti communiste a entrepris de reprendre le contrôle de l’ancienne colonie britannique. Il s’appuie sur la loi sur la sécurité nationale, promulguée en juin 2020, pour arrêter et emprisonner toutes les voix critiques et les avocats de la démocratie, aux motifs de sécession, terrorisme, collusion avec des forces étrangères ou subversion. Les 47 prévenus en font les frais. Elus locaux, universitaires, avocats, étudiants ou travailleurs sociaux : ils illustrent la diversité de l’opposition au gouvernement de Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif hongkongais.

Slogans contestataires

En soutien, des centaines de personnes sont venues faire la queue devant les portes du tribunal de Kowloon, ce lundi, pour tenter d’assister à la comparution. Selon une journaliste sur place, les premiers sont arrivés à 21 heures la veille. C’est la première mobilisation d’ampleur depuis des mois. Le gouvernement local a profité de la pandémie pour interdire la plupart des rassemblements, avec succès jusqu’ici. En dépit de l’important dispositif policier, les manifestants ont donné de la voix, scandant des chants contestataires interdits par la loi sur la sécurité nationale. Le plus célèbre d’entre eux, «libérez Hongkong, la révolution de notre temps», a été repris avec vigueur alors que les forces de l’ordre brandissaient des pancartes avertissant de l’illégalité du regroupement.

Dans la file d’attente, sept hommes et une femme se détachent. Costume-cravate ou tailleur, sac en cuir à la main, les représentants consulaires de l’Union européenne, des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de trois autres pays européens ont tenu à être devant le tribunal, même s’ils savent qu’ils n’avaient que peu de chances d’obtenir un siège pour assister à l’audience. Ils sont venus appuyer les inquiétudes des chancelleries occidentales à l’égard de la loi sur la sécurité nationale.

Evacuation des manifestants

Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a demandé la libération immédiate des 47 opposants, condamnant «leur détention et les chefs d’accusations retenus» contre eux. Sous l’accusation de subversion, les autorités cherchent à punir les prévenus pour avoir participé aux primaires de l’opposition, en juillet 2020, qui avaient rassemblé 600 000 électeurs. Cette tentative de démontrer par les urnes le large soutien aux mobilisations pro-démocratie avait provoqué le courroux de Pékin.

A la fin de l’après-midi, la police a évacué les abords du tribunal et bouclé les rues adjacentes. De rares manifestants et beaucoup de journalistes n’ont pas bougé. Parmi les contestataires les plus déterminés, Alexandra Wong, surnommée «mamie Wong», est restée assise à quelques mètres de l’entrée du tribunal, drapée dans son drapeau britannique et accompagnée de ses habituelles affiches contestataires. A 64 ans, la militante, véritable incarnation de la détermination, a été de toutes les manifestations jusqu’à son arrestation en Chine continentale, où elle est restée emprisonnée pendant un an. Elle a tenu à être présente pour signaler que les Hongkongais n’abandonnent pas le combat pour la liberté et la justice.