Un murmure, une douce poignée de main. La rencontre dans le hall d’accueil d’ateliers collectifs parisiens raconte déjà une profonde discrétion, une peur de déranger. Une fois posée dans son antre déserte, plongée dans la pénombre, Hura Mirshekari ne haussera jamais le ton. Craint-elle les oreilles baladeuses et vicieuses des agents de la République islamique, cachées parmi ses peintures et ses installations, comme si elle se trouvait encore en Iran ? Dans les six titres de son mini-album ou Extended Play (EP) Hura, sorti le 28 juin sur les plateformes de streaming, c’est pourtant une voix forte et claire qui s’exprime sur la musique électronique du producteur français Renaud Satre. Tantôt enchanteresse, tantôt inquiétante, elle déploie son dialecte sistani comme une incantation. Une ode à sa langue en voie de disparition.
Hura Mirshekari est originaire d’une province iranienne marginalisée : le Sistan-et-Baloutchistan. L’une des plus pauvres, conservatrices et religieuses, située au sud-est de la République islamique. Comme dans le reste du pays, peut-être même plus, les femmes y ont peu de droits. Chanter seule devant un public d’hommes n’y est pas toléré. Un tabou qu’Hura Mirshekari rêve d’être la première Sistanaise à briser. Sagement assise à son bureau légèrement dérangé, elle raconte son envolée.
«Casser toute restriction»
Son premier concert, c’était à Paris ave