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Interview

Incident au large des Philippines : «La stratégie de la Chine est de faire la guerre sans faire la guerre»

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Manille a convoqué ce lundi 7 août l’ambassadeur de Chine après un affrontement survenu l’avant-veille en mer de Chine méridionale, qui relève, selon le chercheur Emmanuel Véron, d’un «schéma classique» : «L’empiètement par Pékin de la souveraineté d’un de ses voisins.»
Le porte-parole des gardes-côtes philippins, Jay Tarriela, en conférence de presse le 7 août 2023 après l'agression chinoise. (Ezra Acayan/AP)
publié le 7 août 2023 à 21h02

Pour Pékin, il s’agit d’une «opération professionnelle, mesurée [et] irréprochable». Mais les Philippines ne l’entendent pas de cette oreille. Ce lundi 7 août, la secrétaire aux Affaires étrangères de l’archipel a convoqué l’ambassadeur de Chine pour lui faire part de son mécontentement, deux jours après un incident en mer de Chine méridionale qui a opposé des gardes-côtes philippins et chinois. Les premiers accusent les seconds de leur avoir tiré dessus au canon à eau alors qu’ils escortaient des navires transportant du matériel destiné au personnel d’une embarcation stationnée sur l’atoll de Second Thomas – «Ayungin» dans son appellation philippine –, dans les îles Spratleys. Pour Emmanuel Véron, géographe et spécialiste de la Chine à l’Institut national des langues et civilisations orientales, cet incident s’inscrit dans une vaste stratégie d’intimidation chinoise.

A qui appartiennent les eaux dans lesquelles s’est déroulé l’incident marin survenu ce week-end ?

Au regard du droit international, c’est-à-dire de la Convention de Montego Bay de 1982, que la Chine a signée et ratifiée, et d’une décision de la Cour permanente d’arbitrage de l’Organisation des Nations unies de juillet 2016, ce sont les eaux des Philippines. Mais