Le verdict est tombé. L’homme de 33 ans qui avait violé et tué une médecin le 9 août dernier, a été condamné, ce lundi 20 janvier, à la prison à vie par le tribunal de Sealdah, en charge de l’affaire. Ce crime sur cette femme de 31 ans avait particulièrement choqué l’Inde, qui ne parvient pas à se départir du fléau des violences sexuelles.
Les parents de la victime – dont l’identité ne peut pas être communiquée conformément à la législation indienne en matière de violences sexuelles – ont déclaré, en larmes, être «choqués» par la peine qu’ils espéraient être une condamnation à mort. Le père a ajouté, en son nom et en celui de son épouse, vouloir «continuer [leur] combat [...] pour que justice soit faite.» Même sentiment pour le collectif des jeunes médecins, porté par la voix de Aniket Mahato, qui a exprimé son impression que «la justice n’a pas été rendue».
De son côté, le juge Anirban Das a estimé que ce crime, qui n’était pas le «plus rare des rares cas», ne méritait pas la peine capitale. A la place, il a ordonné une vie derrière les barreaux pour Sanjoy Roy, déclaré coupable par cette même cour deux jours auparavant, le samedi 18 janvier. Ce dernier avait clamé son innocence tout au long de son procès, affirmant avoir été «piégé». Son avocat, Kabita Sarkar, a indiqué avoir l’intention de faire appel, estimant que son client n’est pas «mentalement équilibré».
Un crime qui a secoué la société
Le 9 août 2024, le corps ensanglanté de cette médecin interne trentenaire avait été retrouvé dans le centre hospitalier de Calcutta, où elle cherchait à se reposer après un service de 36 heures. Dès le lendemain, un homme, bénévole dans le même hôpital, avait été arrêté par la police, soupçonné d’être son violeur doublé de son meurtrier.
Ce drame avait suscité l’indignation à travers le pays et en particulier dans le milieu hospitalier. Une partie du personnel soignant s’était mise en grève et avait manifesté, exigeant des mesures de sécurité plus strictes dans les hôpitaux publics. A l’issue de ce mouvement, la Cour suprême avait ordonné la création d’un groupe de travail composé de médecins, chargé de préparer un plan de prévention de la violence dans les établissements hospitaliers, où les conditions de travail sont souvent déplorables.
Le procès a fait l’objet d’une procédure accélérée, échappant à la lenteur habituelle du système judiciaire indien. Dans les semaines qui ont suivi ce crime, l’attitude des autorités locales et la conduite de l’enquête ont fait l’objet de vives critiques. Ainsi, le chef de la police de Calcutta et plusieurs responsables des services de santé régionaux ont été démis de leurs fonctions.
Ce drame a rappelé le viol collectif puis le meurtre d’une jeune femme dans un bus de la capitale New Delhi en 2012. Déjà, cet événement avait braqué une lumière crue sur le lourd silence autour des violences sexuelles dans le pays le plus peuplé de la planète, les carences de son système judiciaire en matière de lutte contre les viols et, au-delà, le traitement des femmes dans la société indienne. Sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement avait durci la législation en matière de violences sexuelles, promulguant même la peine de mort pour les récidivistes. Les quatre hommes reconnus coupables du viol collectif de l’étudiante, avaient été exécutés, par pendaison, en mars 2020.