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Elections XXL

Législatives en Inde : Narendra Modi en passe d’être réélu, son adversaire retourne en prison

Selon les premiers sondages, l’actuel Premier ministre est en bonne voie pour rester au pouvoir. Les résultats définitifs des élections générales sont attendus mardi 4 juin mais l’opposant politique Arvind Kejriwal a d’ores et déjà été contraint de retourner en prison.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi, fait campagne, le 28 mai 2024 à Calcutta en Inde. (Sahiba Chawdhary/REUTERS)
publié le 2 juin 2024 à 12h53

Un Premier ministre bientôt réélu et un adversaire politique en prison. Alors que l’Inde a clôturé ses élections générales samedi 1er juin sous une chaleur accablante, Arvind Kejriwal, l’un des principaux opposants de Narendra Modi, a annoncé qu’il retournerait ce dimanche 2 juin en prison après une permission octroyée par la justice pour mener campagne.

Les résultats du scrutin, le plus grand de l’Histoire avec près d’un milliard d’électeurs, sont attendus mardi mais un sondage sorti des urnes à l’issue de six semaines de vote a auguré d’une nouvelle large victoire de Narendra Modi, l’actuel Premier ministre âgé de 73 ans. Ses partisans considèrent qu’une troisième victoire de leur dirigeant est inéluctable. Les opposants, eux, ont dénoncé de nombreux obstacles lors de l’élection.

Libéré sous caution pour mener campagne

Arvind Kejriwal, ministre en chef de Delhi et fervent défenseur de la lutte contre la corruption, fait partie des dirigeants de l’alliance d’opposition qui espéraient pouvoir évincer du pouvoir le nationaliste hindou. Il avait été placé en détention en mars dans le cadre d’une enquête sur des faits de corruption. Son arrestation, un mois avant le début des élections générales, avait été qualifiée par ses soutiens de «conspiration politique» orchestrée par le parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP).

La plus haute cour indienne l’a libéré sous caution le mois dernier pour mener campagne à condition de retourner en détention dès la fin du scrutin. «Je suis sorti pour la campagne électorale pendant 21 jours […] aujourd’hui, je vais me rendre en allant à Tihar», une prison de New Delhi, a annoncé Arvind Kejriwal sur les réseaux sociaux.

A 55 ans, Arvind Kejriwal est ministre en chef depuis près de dix ans. Son administration a été accusée de corruption après qu’il a mis en œuvre une politique de libéralisation de la vente d’alcool en 2021, renonçant à une participation lucrative de l’Etat dans le secteur. Une mesure révisée l’année suivante, mais l’enquête sur l’attribution présumée corrompue de licences a conduit à l’emprisonnement de deux alliés importants de Arvind Kejriwal, qui a nié toute malversation et refusé de quitter son poste après son arrestation. Des manifestations de soutien avaient été organisées dans de nombreuses grandes villes indiennes après son placement en détention en mars. «Nous devons sauver ce pays de la dictature», avait-il affirmé à sa sortie de prison en mai, avant d’exhorter ses partisans à se rendre aux urnes.

Régression des libertés sous Modi

Les opposants à Narendra Modi et les défenseurs des droits tirent de longue date la sonnette d’alarme sur une régression des libertés en Inde. Freedom House, un groupe de réflexion américain, a souligné cette année que le parti au pouvoir avait «de plus en plus recours aux institutions gouvernementales pour cibler les opposants politiques».

Rahul Gandhi, dirigeant du parti du Congrès et descendant d’une dynastie qui a dominé la politique indienne pendant des décennies, a été jugé coupable de diffamation l’année dernière à la suite d’une plainte déposée par un membre du parti de Narendra Modi. Un temps inéligible, il a été réintégré au Parlement après la suspension par la Cour suprême de sa condamnation. Hemant Soren, ancien ministre en chef de l’État du Jharkhand, dans l’est du pays, a également été arrêté en février dans une autre enquête pour corruption. Arvind Kejriwal, Rahul Gandhi et Hemant Soren sont tous membres de l’alliance d’opposition INDIA, rassemblant des dizaines de partis qui ont du mal à peser face à Narendra Modi.