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Inde : un Américain arrêté après avoir voulu approcher les Sentinelles, l’un des peuples les plus isolés au monde

La police d’Andaman-et-Nicobar a annoncé ce jeudi 3 avril l’arrestation d’un Américain de 24 ans qui s’est rendu sur l’île de North Sentinel, où vit une tribu autochtone non contactée. En 2018, un missionnaire américain y avait été abattu.
Un homme de la tribu des Sentinelles en décembre 2004 lors d'un survol en hélicoptère de l'île par les garde-côtes indiens. (Garde Côtes de l'Inde et Survival International/AFP)
publié le 3 avril 2025 à 17h45

Un colon récidiviste et une canette de coca en guise de cadeau. Jeudi 3 avril, la police indienne a annoncé avoir arrêté un touriste américain dans l’archipel indien d’Andaman-et-Nicobar. Agé de 24 ans, Mykhailo Viktorovych Polyakov est accusé de s’être rendu sur l’île de North Sentinel où vivent environ 150 personnes qui n’ont aucun lien avec le reste de la population mondiale. Pourtant, personne, les étrangers comme les Indiens, n’a le droit de s’approcher à moins de cinq kilomètres de cet endroit afin de préserver le mode de vie de cette population autochtone et de ne pas introduire de maladies.

D’après l’agence Press Trust of India, Mykhailo Viktorovych Polyakov aurait d’abord rejoint le 26 mars Port Blair, la capitale d’Andaman-et-Nicobar. Puis, trois jours plus tard, il aurait effectué une traversée d’une quarantaine de kilomètres «sur une embarcation de fortune» pour rejoindre North Sentinel. Depuis son bateau, il aurait sifflé pendant une heure, espérant attirer l’attention des habitants de l’île. Avant d’accoster pendant quelques minutes, le temps d’enregistrer une vidéo, de laisser une canette de coca et une noix de coco «en guise d’offrande à la tribu Sentinelle» et de prélever «quelques échantillons».

«Le citoyen américain a été présenté devant un tribunal local après son arrestation et est désormais en garde à vue pour trois jours afin de procéder à un interrogatoire complémentaire», a déclaré à l’AFP le responsable de la police d’Andaman-et-Nicobar. Mykhailo Viktorovych Polyakov est à l’entendre un récidiviste : il aurait à deux reprises tenté se rendre sur North Sentinel au cours des derniers mois. En octobre 2024, à bord d’un kayak gonflable avant d’être interpellé par le personnel d’un hôtel. Puis en janvier 2025.

Les derniers à s’en être approchés ont été tués

Entourée de récifs coralliens et recouverte d’une forêt dense bordée de plages de sable blanc, l’île est pleine de mystères. La langue et les coutumes de ses habitants restent inconnues. Au XXe siècle, plusieurs tentatives de contact ont eu lieu. La plupart n’ont pas abouti, les Sentinelles se montrant menaçants à l’approche du moindre bateau ou avion s’approchant de l’île. Seul un anthropologue, missionné par le gouvernement indien, avait fini par mettre quelques minutes les pieds sur North Sentinel en 1991. Avant d’en être chassé par ses habitants. L’Inde a fini en 1886 par renoncer à toute tentative de contacter les Sentinelles.

En 2018, l’île avait fait parler dans le monde entier après que John Allen Chau, un missionnaire évangélique américain de 27 ans, a tenté de mettre les pieds sur North Sentinel. Il a été immédiatement abattu par la population locale, criblé de flèches. Son corps n’a pas été récupéré et aucune enquête n’a été ouverte sur les circonstances de sa mort, la loi indienne interdisant à quiconque de se rendre sur North Sentinel. Deux pêcheurs qui s’étaient trop approchés de l’île avaient connu le même destin en 2006.