La saison des moussons n’en finit plus d’être meurtrière. Près de 300 000 habitants du Bangladesh ont dû se réfugier dans des abris d’urgence pour fuir les inondations frappant ce pays d’Asie du Sud-Est, selon des responsables des services de secours. Déclenchées par de fortes pluies de mousson, ces inondations ont tué au moins 42 personnes au Bangladesh et en Inde depuis le début de la semaine, pour beaucoup lors de glissements de terrain.
«Ma maison est complètement inondée», témoigne Lufton Nahar, 60 ans, dans un abri de Feni, un district proche de la frontière avec l’Etat indien du Tripura et qui compte parmi les plus touchés. «L’eau coule par-dessus notre toit», poursuit-il. «Mon frère nous a emmenés jusqu’ici par bateau. Sinon, nous serions morts».
18 morts et 300 000 déplacés
Parmi les zones les plus affectées par les intempéries figure celle de Cox’s Bazar qui abrite environ un million de réfugiés rohingyas venus de la Birmanie voisine. Au total, 18 personnes ont été tuées au Bangladesh, selon Kamrul Hasan, secrétaire du ministère de la Gestion des catastrophes. «285 000 personnes se trouvent dans des abris d’urgence», a ajouté ce dernier, précisant qu’au total 4,5 millions de personnes avaient été affectées par ces pluies diluviennes. Par ailleurs, 24 personnes sont mortes dans l’Etat indien du Tripura depuis lundi, a annoncé le responsable de l’agence de gestion des catastrophes de cet Etat.
Pays de faible altitude, le Bangladesh (170 millions d’habitants) est traversé par des centaines de cours d’eau et une bonne partie de son territoire est constituée des deltas des grands fleuves himalayens, le Gange et le Brahmapoutre. Plusieurs affluents de ces deux fleuves continuent à déborder mais les prévisions estiment que la pluie devrait s’amoindrir dans les jours à venir.
L’accès aux districts inondés est entravé par les dommages infligés aux autoroutes et voies ferrées reliant la capitale Dacca et Chittagong, la principale ville portuaire du pays, qui ont désorganisé l’activité économique.
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Ces inondations surviennent juste après des manifestations d’origine étudiante qui ont renversé la Première ministre autocratique Sheikh Hasina. Cette dernière a fui le pays le 5 août en hélicoptère vers l’Inde voisine et le gouvernement intérimaire est dirigé par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus.
Beaucoup d’habitants participent au financement participatif des secours, organisé par les étudiants qui manifestaient encore il y a peu. Vendredi, la foule se pressait à l’université de Dacca pour offrir des dons aux étudiants qui chargeaient des sacs de riz et des paquets de bouteilles d’eau minérale sur des véhicules destinés aux zones touchées par le déluge.
Le Bangladesh fait partie des pays les plus vulnérables aux catastrophes liées au changement climatique. Les pluies de mousson y causent chaque année des dégâts considérables mais le réchauffement accroît leur ampleur et leur fréquence.