L’escalade nucléaire semble se poursuivre. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de vérifier le caractère pacifique du programme nucléaire iranien, note que l’Iran a fortement augmenté ces derniers mois son stock d’uranium enrichi, d’après deux documents consultés ce lundi 26 février par l’AFP.
La République islamiste dispose désormais de suffisamment de matière pour fabriquer plusieurs bombes atomiques. Selon l’un des documents de l’AIEA, les stocks s’élevaient à 5 525 kg à la date du 10 février (contre 4 486 kg fin octobre). Soit plus de 27 fois la limite autorisée par l’accord international de Vienne de 2015, encadrant les activités atomiques de Téhéran en échange d’une levée des sanctions internationales.
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L’Iran a largement dépassé le plafond fixé à 3,67 % équivalant à ce qui est utilisé dans les centrales nucléaires pour la production d’électricité : il dispose de 712 kg (contre 567 kg auparavant) de matière enrichie à 20 % et de 121,5 kilos à 60 % (contre 128,3 kg). Dans le cas du seuil de 60 %, proche des 90 % nécessaires pour fabriquer une arme atomique, Téhéran a cependant ralenti la production, après une accélération en fin d’année.
En outre, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, évoque des «déclarations publiques en Iran sur les capacités techniques de production d’armes nucléaires» qui «renforcent les inquiétudes» à ce sujet. Dans ce contexte, il appelle de nouveau Téhéran à «coopérer pleinement», alors que les relations entre les deux parties n’ont cessé de se dégrader ces derniers mois. Si la République islamique nie vouloir se doter de la bombe, certains dans la classe politique se livrent à des propos alarmants, a expliqué une source diplomatique.
Plusieurs inspecteurs bannis
Rafael Grossi a par ailleurs «vivement regretté» le fait que l’Iran ne soit pas revenu sur sa décision de bannir plusieurs de ses inspecteurs. Ils sont huit à être concernés, de nationalité française et allemande, d’après une autre source diplomatique. Ce geste «sans précédent», annoncé en septembre, a «directement et gravement affecté» la capacité à contrôler le programme nucléaire iranien, a déploré à plusieurs reprises l’instance onusienne. L’Iran a restreint «d’une manière sans précédent» sa coopération, d’après le directeur général de l’AIEA, qui dénonce une «prise en otage».
Depuis quelques années, l’Iran s’affranchit progressivement des engagements pris dans le cadre de l’accord de Vienne en 2015, en réaction au retrait des Etats-Unis décidé en 2018 par Donald Trump. Des discussions menées pour le ranimer ont échoué à l’été 2022.