Le 6 août 1945 à Hiroshima ? Kunihiko Sakuma ne s’en souvient pas. Né le 20 octobre 1944, cet homme jovial à la voix rauque n’avait que 9 mois quand le Boeing B-29 américain Enola Gay a largué la bombe atomique Little Boy à 8 h 15 du matin, en vrombissant au-dessus de cette ville du sud-ouest du Japon.
Les vitres, les murs de la maison familiale, située à moins de trois kilomètres de l’hypocentre, ont été soufflés. Lui s’en est en apparence sorti avec quelques blessures. «On m’a expliqué ensuite que, lorsque ma mère a fui avec moi, j’avais été irradié par la pluie noire», des précipitations chargées de poussières et particules radioactives retombées en averse d’eau crasseuse après la bombe.
«Mes propres souvenirs commencent vers l’âge de 6 ans, avec un paysage de baraques dans Hiroshima, le dôme de Genbaku, qui n’était pas aussi propre qu’il l’est désormais, ou encore une image que je trouvais effrayante d’une sorte de forêt sombre.» Il ne comprend pas encore vraiment ce que cela si