Menu
Libération
Japon

«J’ai eu peur de mourir à cause de la pluie noire» : Kunihiko Sakuma, survivre et témoigner 80 ans après Hiroshima

Article réservé aux abonnés
Irradié par la bombe atomique larguée sur la ville du sud-ouest du Japon en 1945 et marqué par les disciminations, ce survivant a fait de sa vie un combat pour la paix. Il témoigne toujours, à 80 ans, pour que les victimes, les «hibakushas», ne soient jamais oubliées.
Kunihiko Sakuma, irradié par la bombe atomique en 1945, à Hiroshima (Japon), le 2 août 2025. (Fred Mery / Koga photos/Hans Lucas pour Libération)
par Karyn Nishimura, envoyée spéciale à Hiroshima (Japon)
publié le 5 août 2025 à 17h22

Le 6 août 1945 à Hiroshima ? Kunihiko Sakuma ne s’en souvient pas. Né le 20 octobre 1944, cet homme jovial à la voix rauque n’avait que 9 mois quand le Boeing B-29 américain Enola Gay a largué la bombe atomique Little Boy à 8 h 15 du matin, en vrombissant au-dessus de cette ville du sud-ouest du Japon.

Les vitres, les murs de la maison familiale, située à moins de trois kilomètres de l’hypocentre, ont été soufflés. Lui s’en est en apparence sorti avec quelques blessures. «On m’a expliqué ensuite que, lorsque ma mère a fui avec moi, j’avais été irradié par la pluie noire», des précipitations chargées de poussières et particules radioactives retombées en averse d’eau crasseuse après la bombe.

«Mes propres souvenirs commencent vers l’âge de 6 ans, avec un paysage de baraques dans Hiroshima, le dôme de Genbaku, qui n’était pas aussi propre qu’il l’est désormais, ou encore une image que je trouvais effrayante d’une sorte de forêt sombre.» Il ne comprend pas encore vraiment ce que cela si