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Libération
Reportage

«J’aimerais cultiver autre chose, mais je n’ai pas vraiment le choix» : en Birmanie, l’opium au cœur de tous les combats

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Détrônant l’Afghanistan, le pays en guerre est devenu le premier producteur mondial d’opium depuis le coup d’Etat de 2021. Le pavot est l’une des seules sources de revenus pour la population et un moyen de financer les combats contre la junte de Min Aung Hlaing.
Nuka, 11 ans, travaille à la récolte des graines de pavot pour aider sa famille, dans l'Etat Shan, en Birmanie, le 6 avril 2025. (Pierre Terraz)
par Paul Boyer et Pierre Terraz envoyés spéciaux à Moe Bye (Birmanie)
publié le 13 mai 2025 à 6h33

Une agricultrice arrache une coque sèche de la tige d’une plante, puis la casse dans la paume de sa main, libérant des dizaines de petites graines marron. Il s’agit de billes d’opium pures récupérées pour être transformées en héroïne dans des usines clandestines disséminées entre la ville assiégée de Moe Bye (Etat Shan) et celle, sous contrôle rebelle, de Demoso (Etat Kayah).

Des tirs d’artillerie résonnent au loin et recouvrent le concert des bruits de criquets. Imperturbables, la jeune femme et sa nièce continuent de slalomer entre les plants de pavot, lointains cousins de nos coquelicots. Elles travaillent en faisant fi des bombardements qui sont devenus quotidiens depuis le début de la guerre, il y a quatre ans.

Polaire rose

Lin Twee vient de souffler ses 36 bougies, mais elle n’a pas vraiment le cœur à la fête. Chaque jour, elle travaille dans ces champs qui s’étalent à perte de vue, discrètement enclavés entre des montagnes. Equipée de gants en laine, malgré une chaleur écrasante, elle récolte des graines de pavot qu’elle jette machinalement dans un sac en osier porté en bandoulière. «Nous sommes à la fin