Un «mégaséisme» sur les côtes nippones ? Pour la première fois depuis la création au Japon d’un nouveau système d’alerte, l’Agence météorologique japonaise (JMA) a émis ce vendredi 9 août un avertissement sur la possibilité d’un «mégaséisme» au sud-est de la péninsule, dans la fosse de Nankai coutumière des tremblements de terre. L’alerte survient au lendemain d’une secousse de magnitude 7,1, qui n’a fait que huit blessés. Libération fait le point sur ce que signifie cet avertissement.
Qu’est-ce qu’un «mégaséisme» ?
Un très très gros tremblement de terre. Le séisme de Tōhoku (magnitude 9,1) au nord-est du Japon en 2011, qui a engendré un tsunami dévastateur responsable de l’accident nucléaire de Fukushima, en est l’exemple le plus récent. A la suite de cette catastrophe humanitaire ayant fait plus de 18 000 morts, un rapport du sous-groupe sismique de l’Académie des sciences a proposé une définition de ces gigantesques secousses. Un mégaséisme peut être considéré comme tel à partir d’une magnitude supérieure à 8,5. Il se produit le plus souvent dans une «zone de subduction», là où une plaque tectonique passe sous une autre plaque.
Pourquoi la fosse de Nankai est-elle propice aux mégaséismes ?
Ce territoire fait justement partie de ces fameuses «zones de subduction». Il s’agit d’une fosse sous-marine qui s’étend sur 800 kilomètres, de la ville de Shizuoka, située à l’ouest de Tokyo, à l’île de Kyushu, dans le sud. Elle a été le point de départ de tremblements de terre dévastateurs de magnitudes comprises entre 8 et 9 tous les 100 ou 200 ans.
En 1707, tous les segments de la fosse de Nankai se sont rompus en même temps, déclenchant le deuxième plus puissant séisme de l’histoire du Japon, d’une magnitude estimé à 8,6. Ce séisme, à l’origine de la dernière éruption du mont Fuji, a été suivi par deux mégaséismes en 1854, puis deux autres similaires en 1944 et 1946.
Quelle est la probabilité pour qu’un tel tremblement de terre se produise aujourd’hui ?
Le gouvernement nippon avait précédemment établi qu’il existait une probabilité de 70 % pour qu’un mégaséisme d’une magnitude équivalente à 8 ou 9 frappe le pays dans les 30 prochaines années. Après la forte secousse de jeudi, les chercheurs japonais ont ainsi estimé que leur pays devait se préparer à un éventuel «mégaséisme» qui pourrait engendrer de «fortes secousses et d’importants tsunamis», et causer des centaines de milliers de morts.
Dans l'œil de Libé
Mais si la «probabilité que survienne un nouveau tremblement de terre puissant est plus élevée qu’en temps normal», cela ne signifie pas qu’un mégaséisme «se produira avec certitude», a précisé l’agence météorologique japonaise. Ces experts soulignent également que leur avertissement ne signifie pas qu’une telle secousse est imminente.
Quelles pourraient en être les conséquences ?
Si elle se produisait, cette secousse pourrait toucher une part importante de la côte pacifique japonaise, menacer dans le pire des cas quelque 300 000 personnes et causer près de 13 000 milliards de dollars de dégâts, selon les experts. «L’histoire des grands tremblements de terre à Nankai est effrayante», écrivent les géologues Kyle Bradley et Judith Hubbard dans la lettre d’information spécialisée Earthquake Insights. «Bien que la prédiction des séismes soit impossible, l’occurrence d’un tremblement de terre accroît généralement la probabilité» qu’un autre survienne, expliquent-ils.
Comment se préparent les Japonais ?
Les autorités nippones rappellent aux habitants qui vivent dans des zones à risque de prendre certaines précautions et leur demandent par exemple de connaître l’emplacement de l’abri le plus proche de chez eux en cas d’évacuation. Nombre de foyers japonais disposent d’un kit de survie contenant notamment une bouteille d’eau, une lampe torche, une radio ou encore des provisions pouvant se conserver longtemps.
Le chef du gouvernement, Fumio Kishida, a annoncé dans la foulée renoncer à un voyage prévu en Asie centrale. «En tant que Premier ministre assumant la plus haute responsabilité en matière de gestion de crise, j’ai décidé de rester au Japon pendant au moins une semaine», a-t-il déclaré ce vendredi.