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Vieillissement

Japon : un fabricant de couches arrête sa production pour les bébés et se concentre sur celles pour adultes

Le géant de la papeterie Oji a annoncé mardi 26 mars se retirer du secteur des couches pour bébés au Japon à cause de l’effondrement de la natalité dans le pays. A la place, il va renforcer à son activité dans les protections hygiéniques pour adultes.
(Sarah Monte/Getty Images)
publié le 28 mars 2024 à 12h26

Un nouveau symbole de la crise de la natalité au Japon. L’entreprise papetière nippone Oji Paper, fondée il y a 150 ans et numéro 3 mondiale en 2012 dans le secteur des forêts, du papier et de l’emballage, a décidé de se retirer du segment commercial des couches pour bébés au Japon. Elle a annoncé l’arrêt de sa production pour septembre 2024.

Selon Oji Paper, cette décision se justifie simplement par la diminution de la demande, liée à l’effondrement démographique de l’archipel, dont la population (125,7 millions en 2021 selon la Banque mondiale) diminue depuis 2005, qui pourrait faire perdre près d’un tiers des habitants au pays d’ici à 2070. Sa production de couches pour bébés au Japon a chuté de plus de 40 % par rapport à son pic atteint en 2001 et représente désormais près de 400 millions d’unités par an. Au Japon, «la demande pour les couches bébés diminue à cause de plusieurs facteurs, dont la chute du taux de natalité», a justifié mardi 26 mars un porte-parole du papetier.

En revanche, Oji Paper va augmenter sa production de couches pour adultes au Japon, du fait d’une demande croissante pour ces produits, toujours à cause du déclin démographique. Le nombre de personnes âgées est en constante hausse au Japon, qui compte le plus grand nombre de personnes centenaires au monde, avec plus de 90 000 personnes âgées de 100 ans et plus en 2023 selon France Info.

Oji Paper va toutefois rester présent dans le segment des couches bébés, mais uniquement à l’étranger, notamment en Indonésie et en Malaisie, où l’entreprise compte renforcer sa production et ses ventes locales.

«Grand baby-krach»

Le Japon a la population la plus âgée au monde après Monaco, et le nombre de naissances dans le pays a atteint en 2023 un nouveau plus bas depuis le début de ces statistiques en 1899 (-5,1 % sur un an), s’inscrivant dans un contexte plus général de «grand baby-krach» asiatique. L‘an dernier, dans l’archipel, les morts ont été deux fois plus nombreuses que les naissances.

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a tiré en janvier 2023 la sonnette d’alarme face au vieillissement démographique accéléré du pays. Pour tenter de ralentir la tendance, il a proposé de renforcer les aides financières aux familles et d’améliorer l’accès aux crèches. Or l’effondrement de la natalité au Japon semble aussi lié à des conceptions trop rigides de la parentalité, du travail et des relations hommes-femmes dans la société nippone. Des problématiques sociétales face auxquelles le gouvernement conservateur se montre particulièrement frileux. La faction ultranationaliste du parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir depuis 1955 au Japon) ne veut par exemple ni entendre parler de mariage gay ni de garde partagée systématique des enfants en cas de divorce.