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Thaïlande

«Je me suis dit c’est foutu»: retour sur le meurtre dans une charcuterie française de Bangkok

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Un règlement de comptes entre expatriés français a fait deux morts et un blessé, début mai. A l’origine du drame : un ancien proxénète de 66 ans, figure trouble du monde de la nuit thaïlandaise, où les Français demeurent influents.
Dans le quartier de Sukhumvit, à Bangkok, ou se trouvait l'Eden, le club de Marc Lohberger. (Maremagnum/Getty Images)
publié le 4 juin 2022 à 19h31

Au détour d’une ruelle tranquille écrasée par la chaleur, aux maisons cossues à demi cachées sous les bougainvilliers, la petite charcuterie française Copadeli, installée au cœur d’un quartier chic de Bangkok, fournit saucisses, pâtés et jambons à des restaurants européens et chaînes d’hôtels dans toute la Thaïlande. Le 4 mai, vers midi, le maître des lieux, David B., 48 ans, artisan passionné résidant en Thaïlande depuis une vingtaine d’années, s’active à la fabrication de jambons blancs, au rez-de-chaussée du bâtiment, qui abrite la cuisine et la chambre froide. Les quelques employés présents sont à l’extérieur pour leur pause déjeuner.

C’est alors que débarque Marc Lohberger, 66 ans, son ancien associé, avec lequel il a quelques différends financiers. L’homme a l’air nerveux. «Il tremblait, il avait l’air à cran, se souvient David. Mais lorsque j’ai vu que “Fon” était avec lui, ça m’a rassuré.» Waranya Meeyai, 46 ans, surnommée «Fon» («pluie»), est l’ancienne compagne de Marc, avec laquelle il a aussi d’importants problèmes d’argent. Ils ne se fréquentent plus guère, mais il lui a donné rendez-vous, et elle arrive en même temps que lui. Marc a la réputation bien établie d’avoir le sang chaud et entretient volontiers une image de gangster, sans que personne ne sache vraiment jusqu’où il est capable d’aller.

Une dispute éclate au sujet de matériel de cuisine que David n’aurait pas remboursé à la société de Marc. Ce dernier se dirige vers la chambre froide (la se