Un thé fumant et une brune dans le matin calme et ensoleillé de Kinmen. La cigarette se consume dans les vapeurs de la boisson chaude. Chen Shui-tsai, l’ancien premier magistrat (l’équivalent d’un maire) de l’île des confins taïwanais savoure en silence ce moment. Mais malgré les apparences, c’est un retraité inquiet qui reçoit dans l’ombre immense d’un camphrier aux feuilles drues. Sa maison est nichée dans le village de Ding Pu. «Xi Jinping est décidé à régler le problème taïwanais, dit-il entre deux volutes. Et Kinmen est en première ligne pour cela.»
A la fois îlot frontière et forteresse, Kinmen est à une poignée de kilomètres du continent, mais à plus de 180 kilomètres des côtes taïwanaises dont elle dépend. Ses 140 000 habitants font face aux quelque 4 millions de Chinois établis à Xiamen, dont les tours modernes et lumineuses se dressent sur le front de mer sablonneux. Une proie facile à avaler si la Chine de Xi Jinping décidait de lancer les hostilités tous azimuts pour s’emparer de Taiwan.
A lire aussi
La guerre froide n’est plus vraiment de mise à Kinmen. Mais les exercices militaires de l’Armée populaire de libération (APL)