La Chine et Xi Jinping, son président, font face à un double problème. En 2023, la deuxième puissance mondiale a connu la croissance économique la plus faible depuis trois décennies (hors période de restrictions Covid) et une accélération notable de l’érosion de sa population. Deux phénomènes qui mettent en lumière les difficultés du géant asiatique, pénalisé par trois années de politiques sanitaires drastiques contre le Covid.
En 2023, le produit intérieur brut chinois a ainsi progressé de 5,2 % sur un an, selon les chiffres donnés par le Bureau national des statistiques (BNS) ce mercredi 17 janvier. Une performance supérieure à l’objectif «d’environ 5 %» fixé l’an dernier par le gouvernement et un rythme qui ferait bien des envieux dans la plupart des grandes économies développées, mais qui n’en reste pas moins le plus faible pour le pays depuis 1990 (3,9 %), hors période de Covid. La fin des mesures sanitaires, fin 2022, qui a largement permis à son économie de repartir en début d’année dernière n’aura pas suffi pour faire renouer l’économie avec ses performances passées (6 % en 2019 et souvent plus de 10 % pendant les années 2000).
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Le rebond de début 2023 s’est essoufflé et bute sur plusieurs obstacles dont une confiance morose des ménages et des entreprises, qui pénalise la consommation. Une crise inédite dans l’immobilier, un chômage élevé chez les jeunes et le ralentissement mondial grippent également des moteurs traditionnels de l’économie chinoise. Ainsi, entre les troisième et quatrième trimestres, comparaison plus fidèle à la conjoncture, le rythme de croissance du PIB est bien plus modeste, à seulement +1 %.
Début de grave crise démographique
A ces difficultés économiques s’ajoute ce qui ressemble à un début de grave crise démographique. Car pour la deuxième année consécutive, et la deuxième fois en soixante ans, la population chinoise a diminué. En 2023, cette baisse s’est accélérée : le pays a perdu en un an plus de 2 millions d’habitants – sur un peu plus d’1,4 milliard d’individus. Dans le détail, le nombre total de morts a augmenté de 6,6 % pour atteindre 11,1 millions, un taux de mortalité au plus haut depuis 1974, pendant la Révolution culturelle. Ces morts ont surpassé le nombre de naissances qui atteint 9,02 millions de nouveau-nés (-5,7 %) et fixe un taux de natalité au plus bas, à 6,39 naissances pour 1 000 habitants.
Conscient du problème, le gouvernement a assoupli depuis plusieurs années sa politique de limitation des naissances. Il autorise désormais tous les couples à avoir trois enfants, offre davantage d’allocations et appelle à procréer. Mais cela ne suffit pas, pour l’heure, à enrayer la bombe économique en devenir : le nombre d’actifs diminue tandis que celui des retraités, en plein essor, rend de plus en plus onéreux le système de retraite. «Les jeunes générations ont une mentalité très différente aujourd’hui vis-à-vis de la parentalité et ne veulent généralement pas avoir beaucoup d’enfants», explique le démographe chinois indépendant He Yafu. «Ni mariage ni enfant» est devenu un slogan populaire sur l’Internet chinois, où des milliers de personnes échangent leurs points de vue et cherchent à se rassurer sur leur mode de vie – en rupture avec les traditions.