Pour Monsieur Chen (1), les visites en Chine étaient devenues un train-train presque ennuyeux. Cet employé d’une entreprise de pièces détachées de vélo basée à Taichung, dans le centre de Taiwan, passe une partie de son temps dans l’avion pour rendre visite à ses fournisseurs et clients répartis dans plusieurs provinces chinoises. Mais le mois dernier, pour la première fois, lors d’un passage aux douanes chinoises, le trentenaire a été retenu dans une petite pièce, et son téléphone fouillé pendant quelques minutes. «J’ai réfléchi à ce que j’avais pu dire, ou publié sur les réseaux sociaux», note-t-il. Finalement, le téléphone lui a été rendu, sans explications, mais l’expérience a laissé des traces. «Je continuerai à aller en Chine, mais je vais faire encore plus attention à ce que je dis ou partage sur les réseaux», note-t-il.
Reportage
L’épisode a d’autant plus inquiété Monsieur Chen que la Chine a renforcé ces derniers mois son arsenal législatif contre ce qu’elle nomme les «indépendantistes taïwanais entêtés». Au début de l’été, la Cour populaire suprême de Chine a publié une recommandation encourageant des sanctions allant jusqu’à la peine de mort pour les activités «de sécession», y compris dans le cadre de procès par contumace. Au début du mois d’août, les autorités chinoises ont publié une liste de «dix indépendantistes taïwanais entêtés», dont l’actuelle vice-présidente taïwanaise, Hsiao Bi-khim, assortie d’une adresse électronique permettant