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Armement

La Chine effectue un rare test de missile balistique intercontinental dans le Pacifique

Pour la première fois depuis 1980, le pays a testé ce mercredi 25 septembre l’un de ces missiles, dans un contexte de tensions dans le Pacifique et en mer de Chine méridionale.
Un véhicule transportant un missile balistique sur la place de Tiananmen à Pékin, le 1er octobre 2019. (Jason Lee/REUTERS)
publié le 25 septembre 2024 à 11h35

Un événement doublement rare. La Chine a effectué mercredi 25 septembre un essai d’un missile balistique intercontinental (ICBM), équipé d’une «ogive factice», dans le Pacifique. «Il est tombé avec précision dans la zone maritime prédéterminée», a déclaré le ministère chinois de la Défense sans préciser d’où il avait été tiré, ni dans quelle zone il avait atterri. Les essais de missiles balistiques intercontinentaux chinois dans les eaux internationales sont rares. Selon plusieurs experts et une étude historique du programme chinois réalisée par la Nuclear Threat Initiative, basée à Washington, le dernier essai remonte à mai 1980 quand Pékin avait lancé son missile DF-5 dans le Pacifique Sud.

Ce nouveau tir est d’autant plus inédit qu’il a été annoncé par le ministère de la Défense lui-même, en général discret sur ces choses. Les ICBM font partie des armes les plus puissantes au monde et peuvent transporter des charges nucléaires dévastatrices.

D’habitude, la Chine effectue ces essais dans son propre espace aérien. Ce test «témoigne probablement de la modernisation nucléaire en cours de la part de la Chine, qui se manifeste par de nouveaux besoins en matière d’essais», analyse Ankit Panda, chercheur à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, un centre de réflexion américain.

Selon un rapport du Pentagone publié en octobre 2023, la Chine développe très rapidement son stock d’armes nucléaires. Il affirmait qu’elle pourrait disposer de plus de 1 000 ogives opérationnelles d’ici à 2030, soit environ le double d’aujourd’hui. Le régime de Xi Jinping avait dénoncé ces conclusions, affirmant que son arsenal nucléaire, très modeste comparé à celui des Etats-Unis, servait uniquement à son «autodéfense». Pékin a souvent indiqué qu’il adhérait à la politique du «non-recours en premier» de l’arme nucléaire.

Lutte d’influence

Ce lancement survient dans un contexte de rivalité sino-américaine dans le Pacifique, de tensions Pékin-Manille en mer de Chine méridionale et d’hostilité entre les autorités chinoises et celles de Taïwan, île qu’elles revendiquent. Le porte-parole du gouvernement nippon a affirmé que le Japon n’avait pas été prévenu de ce test. Il s’est également inquiété du renforcement rapide de «capacités nucléaires et balistiques» de Pékin. De son côté, la Chine a souligné que «ce lancement faisait partie du programme annuel d’entraînement de routine de la Force des fusées» et «est conforme au droit et aux pratiques internationales et ne vise aucun pays ou cible spécifique».

Ces derniers mois, la Chine et les Etats-Unis se sont aussi livrés à une intense lutte d’influence dans le Pacifique. Les Etats-Unis envoient régulièrement des navires de guerre en mer de Chine méridionale pour y contenir les prétentions territoriales de Pékin, mais aussi à proximité de Taïwan pour y soutenir les dirigeants de l’île. De hauts responsables militaires chinois et américains ont toutefois eu en septembre un entretien vidéo dans le cadre des efforts déployés par les deux puissances pour apaiser les tensions et éviter toute erreur d’interprétation sur leurs intentions.