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Libération
Fusée

La Corée du Nord affirme avoir lancé avec succès un satellite de surveillance

En dépit de l’interdiction par les Nations unies d’utiliser des technologies de missiles balistiques, Pyongyang affirme avoir mis en orbite un satellite militaire. Le tir a été condamné par Tokyo et Washington.
Dans un restaurant de Séoul, ce mardi, après que la Corée du Nord a lancé ce qu'elle prétend être un satellite d'espionnage militaire. (Anthony Wallace/AFP)
publié le 21 novembre 2023 à 21h04

Pyongyang défie les résolutions de l’ONU. La Corée du Nord a affirmé, ce mardi 21 novembre, être parvenue à mettre un satellite militaire de surveillance en orbite. La fusée qui a décollé mardi soir en Corée a suivi la trajectoire prévue «et est parvenue à mettre le satellite Malligyong-1 sur son orbite», a indiqué l’agence officielle nord-coréenne KCNA. L’armée sud-coréenne avait auparavant annoncé avoir «détecté à 14 h 43 (heure française) un supposé satellite de surveillance militaire».

Les Nations unies ont interdit à la Corée du Nord d’utiliser des technologies de missiles balistiques. «Même s’ils appellent cela un satellite, le lancement d’un objet qui utilise la technologie des missiles balistiques est clairement une violation des résolutions des Nations Unies», a rappelé le Premier ministre japonais, Fumio Kishida en condamnant l’opération avec «la plus grande fermeté possible».

Ce tir est «une violation flagrante de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, augmente les tensions et risque de déstabiliser la région et au-delà», a aussi réagi dans un communiqué la porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche. «La porte de la diplomatie n’est pas fermée mais Pyongyang doit immédiatement cesser ses actions provocatrices», a prévenu Adrienne Watson.

Probables «contre-mesures» de Séoul

La Corée du Nord avait informé plus tôt le Japon de son intention de lancer un satellite potentiellement dès mercredi, dans une troisième tentative après deux échecs de mise en orbite d’un satellite militaire en mai et en août derniers. Ce tir, «quelques heures avant la notification de la fenêtre temporelle, semble souligner deux choses : la confiance de Pyongyang en sa réussite et son intention de maximiser l’effet de surprise», analyse Choi Gi-il, professeur d’études militaires à l’université Sangji.

Séoul avertissait depuis des semaines que Pyongyang en était aux «dernières étapes» de la préparation d’un nouveau lancement de satellite espion. Lundi, l’armée sud-coréenne avait mis en garde la Corée du Nord pour qu’elle cesse «immédiatement» ses préparatifs, prévenant Pyongyang qu’elle prendrait «les mesures nécessaires» le cas échéant.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol pourrait ainsi «suspendre l’accord militaire du 19-Septembre», estime Yang Moo-jin, président de l’université des études nord-coréennes à Séoul. Cet accord, conclu en 2018 à Pyongyang, vise à réduire les tensions militaires le long de la frontière hautement sécurisée intercoréenne en créant des «zones tampons» maritimes.

Des essais de missiles balistiques à combustible solide de moyenne ou longue portée de la part de Séoul «ne sont pas à exclure» non plus, avance Yang Moo-jin. Séoul prévoit pour sa part de lancer son premier satellite espion à l’aide d’une fusée SpaceX dans le courant du mois. Ce projet a été fustigé comme relevant de «provocations militaires extrêmement dangereuses» par Ri Song Jin, chercheur à l’Administration nationale de la technologie aérospatiale, cité mardi par l’agence de presse officielle du Nord, Korean Central News Agency.

Armes contre technologies spatiales

Le récent rapprochement de la Corée du Nord avec la Russie inquiète les Etats-Unis et ses alliés sud-coréen et japonais. Selon Séoul, Pyongyang fournit des armes à Moscou en échange de technologies spatiales russes. Début novembre, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait dénoncé les liens militaires «croissants et dangereux» entre Pyongyang et Moscou, à l’issue d’une visite en Corée du Sud.

La Corée du Nord a procédé cette année à un nombre record d’essais de missiles, en dépit des sanctions internationales et des mises en garde des Etats-Unis, de la Corée du Sud et de leurs alliés. Elle a également déclaré «irréversible» son statut de puissance nucléaire. La semaine dernière, elle a annoncé avoir effectué avec succès des essais au sol d’un «nouveau type» de moteur à combustible solide pour ses missiles balistiques à portée intermédiaire (IRBM) interdits.

Séoul, Washington et Tokyo ont, en réaction, renforcé leur coopération. Mardi, un porte-avions américain à propulsion nucléaire, l’USS Carl Vinson, est arrivé à la base navale de Busan, en Corée du Sud. Pour la marine sud-coréenne, il s’agit de renforcer la «position des alliés en réponse aux menaces nucléaires et de missiles de la Corée du Nord», dans le cadre d’un récent accord visant à améliorer la «visibilité régulière des moyens stratégiques américains».