Anniversaire ou avertissement ? A Pyongyang, les 80 bougies du Parti s’allument à coups de missiles intercontinentaux. La Corée du Nord a organisé vendredi au soir un défilé militaire à Pyongyang, exhibant ses missiles intercontinentaux en présence de dignitaires étrangers, pour célébrer les 80 ans du Parti des travailleurs au pouvoir, ont rapporté ce samedi 11 octobre les médias d’Etat.
Et il s’agit d’une véritable démonstration de force : des images diffusées par KCNA – l’agence de presse officielle nord-coréenne − ont montré une série de longs missiles défiler à bord de véhicules, de nuit et sous une légère pluie, face à une foule nombreuse agitant des drapeaux nord-coréens. Parmi les armes exhibées, figurait notamment le nouveau missile balistique intercontinental Hwasong-21, décrit par KCNA comme «le système d’arme nucléaire stratégique le plus puissant».
Un avertissement lancé au reste du monde
L’ambiance nationaliste et militaire imposée par l’événement a vu atteinte son apogée avec le discours du dirigeant, Kim Jong-un. L’«invincible» armée nord-coréenne «a toujours redoublé d’efforts pour aider notre parti à surmonter les difficultés et à hâter l’avènement d’un avenir radieux», a-t-il déclaré, aux côtés du Premier ministre chinois, Li Qiang, et de l’ancien président russe Dmitri Medvedev, actuel vice-président du conseil de sécurité de son pays.
Le chef du Parti communiste vietnamien, To Lam, était également présent − marquant la première visite d’un dirigeant vietnamien dans ce pays largement isolé depuis près de vingt ans. Et tout est allé très vite. L’agence de presse KNCA a rapporté ce samedi 11 octobre la signature d’accords de coopération dans des domaines tels que la Défense, les Affaires étrangères et la Santé, entre la Corée du Nord et le Vietnam.
Un événement que Seong-Hyon Lee, chercheur à l’Université de Harvard, analyse comme décisif. «Il est crucial de voir ce défilé non comme un événement isolé, mais comme le point culminant d’un virage délibéré, structurel dans la géopolitique régionale», a-t-il déclaré. «Elle constitue un avertissement clair que le renforcement de l’alliance entre Séoul et Washington se heurtera à un bloc trilatéral consolidé et puissant à ses portes.»
Alliance avec la Russie
Lors de son discours, Kim Jong-un a mis un point d’honneur à rendre hommage aux troupes nord-coréennes qui combattent aux côtés des forces russes dans leur guerre contre l’Ukraine. Une manière de réaffirmer son engagement aux côtés du Kremlin. «L’esprit combatif héroïque dont ont fait preuve nos forces armées révolutionnaires sur les champs de bataille étrangers pour la justice internationale, ainsi que la victoire qu’elles ont remportée, ont démontré leur perfection idéologique et spirituelle», a affirmé le dirigeant nord-coréen.
Selon Séoul, environ 600 soldats nord-coréens ont été tués et des milliers d’autres blessés depuis qu’ils ont été envoyés au combat, notamment pour reprendre la région russe de Koursk conquise par l’Ukraine durant l’été 2024. Pyongyang fournit également la Russie en armes et en munitions, selon la Corée du Sud, qui soupçonne Moscou de transférer en échange des technologies militaires sensibles à son allié.
A lire aussi
La Russie et la Corée du Nord ont resserré leurs liens depuis le début de la guerre en Ukraine, et signé un pacte de défense mutuelle. La Chine reste quant à elle la principale alliée de la Corée du Nord, sanctionnée par les Nations unies pour son programme d’armement nucléaire et de missiles balistiques.