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Libération
Escalade

La Corée du Nord lance un deuxième missile en moins d’une semaine

Ce second essai aurait atteint des vitesses hypersoniques, ce qui témoigne d’un «progrès» par rapport au projectile lancé la semaine dernière, selon l’armée sud-coréenne. Washington y voit une «menace pour les voisins de la Corée du Nord et pour la communauté internationale».
Une photo de l'agence d'Etat North Korea's Korean Central News Agency (KCNA). illustrant le lancement d'un missile depuis un site non-localisé le 5 janvier, 2022. (KCNA via Reuters)
publié le 11 janvier 2022 à 16h37

La mise à feu semble avoir été savamment calculée : mardi, la Corée du Nord a lancé un «missile balistique présumé» vers la mer. Le projectile a été tiré pile au moment où se tenait une réunion à huis clos du Conseil de sécurité des Nations unies à propos d’un premier essai, la semaine dernière, de ce que Pyongyang présentait alors comme un missile hypersonique. Une version alors mise en doute par Séoul.

Cette fois, le missile a été lancé depuis la terre ferme en direction de la mer située à l’est de la péninsule coréenne à 7h27 (22h27 locales, lundi), parcourant environ 700 kilomètres à une altitude d’environ 60 kilomètres et à une vitesse de Mach 10, ont précisé les chefs d’état-major interarmées de Corée du Sud. Les missiles hypersoniques atteignent généralement Mach 5, soit cinq fois la vitesse du son. L’armée sud-coréenne estime que ce second essai, qui a atterri à l’extérieur de la zone économique exclusive du Japon, témoignerait d’un «progrès» par rapport à celui de la semaine dernière.

Bien qu’aucun dommage n’a été signalé dans l’immédiat, le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a jugé ce tir «d’extrêmement regrettable». Les Etats-Unis condamnent eux aussi ce lancement, le qualifiant par la voix d’un porte-parole du département d’Etat de «menace pour les voisins de la Corée du Nord et pour la communauté internationale». Les forces américaines en Corée (USFK) ont estimé que cet essai est la preuve «des conséquences déstabilisantes du programme d’armement illicite de la RPDC» (République populaire démocratique de Corée) en utilisant le nom officiel de la Corée du Nord.

«Impact politique»

La réunion à huis clos du Conseil de sécurité pour discuter des programmes d’armement de Pyongyang est intervenue après que six pays, dont les États-Unis et le Japon, ont appelé la Corée du Nord à «engager un dialogue constructif vers notre objectif commun de dénucléarisation complète».

Pyongyang pourrait avoir fait coïncider à dessein son tir avec la réunion onusienne «pour maximiser son impact politique», a estimé Shin Beom-chul, chercheur à l’Institut coréen de recherche sur la stratégie nationale. Selon lui, ce lancement ressemblerait à celui d’un essai de missile hypersonique, à en juger par la vitesse qui a été annoncée, mais il a mis en garde contre toute interprétation excessive. «Etant donné que la Corée du Sud a affirmé que (l’essai du 5 janvier) n’était pas un missile hypersonique en raison de sa vitesse, Pyongyang a peut-être essayé de faire la preuve (de sa capacité d’atteindre) une vitesse maximale», a-t-il déclaré.

Posséder des missiles hypersoniques fait partie des objectifs jugés «prioritaires» en matière d’armement. En septembre, la Corée du Nord a déclaré avoir testé le missile hypersonique Hwasong-8. En 2021, la Corée du Nord, dotée de l’arme nucléaire, a assuré avoir testé avec succès un nouveau type de missile mer-sol balistique (SLBM) ainsi qu’un missile de croisière de longue portée et une arme lancée depuis un train.

Depuis l’accession au pouvoir de Kim Jong Un, il y a dix ans, Pyongyang a réalisé de rapides progrès en matière de technologie militaire, au prix de sanctions internationales. L’essai de mardi intervient alors que Pyongyang a refusé de répondre aux appels américains à des pourparlers. Le dialogue entre Pyongyang et Washington demeure dans l’impasse après l’échec en 2019 des pourparlers entre Kim Jong Un et le président américain d’alors, Donald Trump.

Le gouvernement de l’actuel président américain Joe Biden a affiché à plusieurs reprises sa volonté de rencontrer des émissaires nord-coréens et de viser la dénucléarisation, mais Pyongyang a rejeté l’offre, accusant les Etats-Unis de mener une politique «hostile».