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Libération
Escalade

La Corée du Nord tire un missile balistique intercontinental qui tombe au large du Japon

Corée du Nord, l'escaladedossier
Le régime de Pyongyang a procédé à un énième tir de missile ce vendredi matin. En réaction, la vice-présidente américaine, Kamala Harris, doit rencontrer en urgence cinq chefs d’Etats en marge du sommet Asie-Pacifique à Bangkok.
Des images d'archives d'un test de missile nord-coréen passent à la télé dans une gare de Séoul le 18 novembre. (Anthony Wallace/AFP)
publié le 18 novembre 2022 à 7h16

Encore un tir de missile depuis la Corée du Nord, cette fois au large du Japon. Le régime de Pyongyang a lancé vendredi un missile balistique intercontinental (ICBM) qui est tombé près de l’archipel nippon, dernier épisode en date d’une série record de tirs de projectiles ces dernières semaines. L’état-major sud-coréen a «détecté un missile balistique de longue portée présumé lancé vers 10 h 15 (2 h 15 heure de Paris) depuis la zone de Sunan à Pyongyang en direction de la mer de l’Est», a-t-il indiqué en se référant au nom coréen de la mer du Japon.

«Le missile lancé par la Corée du Nord semble être tombé dans notre zone économique exclusive au large de Hokkaido», la grande île du nord de l’archipel nippon, a déclaré le Premier ministre japonais Fumio Kishida. Tokyo a précisé que le missile avait parcouru environ 1 000 km et que les forces japonaises n’avaient pas tenté de le détruire en vol. Le ministre nippon de la Défense, Yasukazu Hamada, a indiqué que le projectile avait atteint une altitude maximale de 6 000 km, et en a déduit qu’il s’agit d’un «missile balistique de classe ICBM, même si d’autres détails sont en cours d’analyse».

Ce n’est pas la première fois qu’un projectile nord-coréen finit sa course dans la zone économique exclusive (ZEE) japonaise, c’est-à-dire l’espace maritime qui s’étend jusqu’à 200 milles marins (370 km) au-delà des côtes d’un Etat, entre les eaux territoriales et les eaux internationales. La Corée du Nord «répète les actes de provocation à une fréquence sans précédent. Nous réitérons avec force que c’est absolument inacceptable», dénonce le Premier ministre japonais.

La Maison Blanche a quant à elle condamné «fortement» le tir, qui constitue selon elle «une violation éhontée de multiples résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et fait inutilement monter les tensions et risque de déstabiliser la situation sécuritaire dans la région». La vice-présidente américaine, Kamala Harris, présente au sommet de l’Apec à Bangkok, en Thaïlande, doit rencontrer les dirigeants du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Canada en urgence ce vendredi «pour se consulter sur le récent lancement d’un missile balistique par la RPDC (Corée du Nord, ndlr)», selon la Maison Blanche.

La menace d’un essai nucléaire

En septembre et octobre, Pyongyang avait déjà effectué une copieuse série de tirs, dont celui d’un missile balistique à moyenne portée qui avait survolé le Japon pour la première fois depuis cinq ans. Pyongyang a procédé début novembre à une rafale sans précédent de lancements, dont celui d’un missile qui est tombé près des eaux territoriales de la Corée du Sud pour la première fois depuis la fin de la guerre de Corée en 1953. Le président Yoon a dénoncé une «invasion territoriale de facto». La seule journée du 2 novembre a vu 23 tirs de missiles nord-coréens, soit plus que pendant toute l’année 2017, quand le dirigeant Kim Jong Un et le président américain de l’époque Donald Trump se menaçaient réciproquement d’apocalypse nucléaire.

Le 3 novembre, la Corée du Nord avait déjà lancé un ICBM mais ce tir avait apparemment échoué, selon Séoul et Tokyo. Le pays avait rompu en mars dernier un moratoire qu’il s’était auto-imposé en 2017 sur les lancements de ce type de missiles à longue portée. Plus tôt cette semaine, la ministre nord-coréenne des Affaires étrangères avait promis une riposte «féroce» au renforcement de l’alliance de sécurité entre Séoul, Tokyo et Washington. Les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont intensifié ces derniers mois leurs manœuvres militaires conjointes face aux menaces de la Corée du Nord, laquelle voit dans ces exercices des répétitions générales à une invasion de son territoire ou à un renversement du régime de Kim Jong Un.

Au cours d’une rencontre mardi en marge du sommet du G20 à Bali, le président américain Joe Biden a demandé à son homologue chinois Xi Jinping d’intercéder auprès de la Corée du Nord pour qu’elle mette fin à l’escalade et renonce à effectuer un essai nucléaire, comme Washington et Séoul lui en prêtent l’intention. Le président américain, son homologue sud-coréen Yoon Suk-yeol et le Premier ministre japonais Fumio Kishida ont par ailleurs, dimanche, promis une réponse «forte et ferme» si Pyongyang réalise cet essai, qui serait le premier depuis 2017 et le septième de son histoire.