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Libération
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La junte militaire birmane met fin à quatre ans d’état d’urgence

Déclaré en 2021 après le coup d’Etat contre Aung San Suu Kyi, l’état d’urgence est levé à l’approche d’élections. Un scrutin qualifié de «farce» par l’opposition, qui compte bien le boycotter.
Un soldat birman à Yangon (anciennement Rangoun), le 19 juillet 2025. (Photo/AFP)
publié le 31 juillet 2025 à 11h46

L’art du leurre. La junte au pouvoir en Birmanie a annoncé ce jeudi 31 juillet la levée de l’état d’urgence dans le pays d’Asie du Sud-Est à l’approche des élections générales de décembre boycottées par les groupes d’opposition et dénoncées par les observateurs internationaux.

«L’état d’urgence est aboli aujourd’hui afin que le pays puisse organiser des élections sur le chemin vers une démocratie multipartite», a affirmé le porte-parole de la junte, Zaw Min Tun, dans un message vocal transmis à la presse, mettant fin au régime d’exception décrété lorsque l’armée avait renversé en février 2021 le gouvernement civil élu de la lauréate du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi.

Après cette annonce, la Chine a déclaré ce jeudi soutenir la Birmanie dans la recherche d’une solution «pacifique» à la guerre civile. «Nous invitons tous les partis et factions de Birmanie à résoudre leurs différends de manière appropriée par des moyens politiques, dans le cadre constitutionnel et juridique», a déclaré lors d’un point presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

L’instauration de l’état d’urgence avait déclenché une guerre civile qui a fait des milliers de morts en Birmanie. Cette mesure d’exception avait conféré au chef de la junte, Min Aung Hlaing, le pouvoir suprême sur les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.

Boycott

Mais le numéro 1 birman a récemment estimé que les élections, prévues en décembre et janvier prochains, pouvaient apporter une issue au conflit, alors que de vastes régions de la Birmanie sont tenues par des groupes rebelles et échappent au contrôle de la junte.

Des groupes d’opposition, y compris d’anciens parlementaires évincés lors du coup d’Etat, ont promis de boycotter le scrutin, qualifié le mois dernier par un expert de l’ONU de «farce» visant à légitimer la domination continue des militaires. La junte birmane a annoncé mercredi 30 juillet avoir promulgué une loi prévoyant des peines de prison pour les contempteurs et les manifestants opposés aux élections générales.

Mais la junte bénéficie d’un soutien de poids avec les Etats-Unis. Vendredi 25 juillet, Donald Trump a levé les sanctions qui visaient plusieurs alliés du général au pouvoir en Birmanie et leurs entreprises liées à l’armée. Selon un document du Trésor américain publié ce jeudi, les sanctions ont été levées à l’encontre de KT Services and Logistics, Myanmar Chemical and Machinery Company, Suntac Technologies, ainsi que de leurs dirigeants. Ces entreprises avaient été épinglées pour leur proximité avec le pouvoir militaire ou leur rôle dans la fabrication de chars et de mortiers.

Deux semaines plus tôt, le général en chef a envoyé une lettre au président américain, en réponse à sa menace d’imposer des droits de douane, dans laquelle il exprimait sa «sincère reconnaissance» pour le message de Donald Trump, rendait hommage à son «leadership fort» et saluait notamment la fermeture de médias financés par les Etats-Unis couvrant le conflit dans son pays. L’avis du Trésor ne donne pas de raisons à la levée des sanctions et la Maison Blanche n’a pas apporté d’explications dans l’immédiat. Dans un communiqué, un porte-parole du Trésor a démenti toute «arrière-pensée» dans cette décision.