La «dame de fer» du Bangladesh s’est retirée. De la capitale mais aussi de la tête du gouvernement. La Première ministre Sheikh Hasina, au pouvoir depuis 2009, a démissionné ce lundi 5 août, a annoncé le chef de l’armée. La dirigeante a aussi quitté Dacca, la capitale, «pour un lieu plus sûr», a affirmé une source proche du pouvoir, alors que son palais est pris d’assaut par des manifestants.

Selon cette même source, la cheffe de gouvernement de 76 ans a été évacuée en hélicoptère militaire avec sa sœur, sans avoir eu «le temps de se préparer». Elle a atterri ce lundi à Agartala, une ville dans le nord-est de l’Inde, a rapporté la chaîne de télévision CNN-News18.

S’adressant à la nation lors d’un discours télévisé, le chef de l’armée bangladaise a précisé qu’il allait «former un gouvernement intérimaire» pour diriger le pays. «Nous rencontrerons le président pour discuter de la formation» de ce gouvernement, a ajouté le général Waker-Us-Zaman, affirmant qu’il trouverait une solution à la crise «d’ici ce soir». En attendant, le chef de l’armée appelle les étudiants à rester calmes et à rentrer chez eux.

Depuis plus d’un mois, des manifestations étudiantes réclament la suppression définitive de quotas d’emploi jugés discriminatoires pour l’embauche de fonctionnaires, un système restauré en juin puis partiellement aboli par la justice le 21 juillet. Mais après une répression sanglante de la part des autorités, c’est l’ensemble du système politique du pays qui était visé, et notamment l’autoritaire Première ministre Sheikh Hasina.

Ce lundi, ils sont des centaines de milliers de manifestants antigouvernementaux à défier le couvre-feu et les forces de sécurité en défilant dans les rues de Dacca. Plusieurs d’entre eux ont envahi le palais de la Première ministre, selon des images télévisées. Sur des images diffusées par la chaîne bangladaise Channel 24, on voit une foule de personnes rentrer dans la résidence de Sheikh Hasina, et saluer la caméra.

La veille, de nouveaux affrontements ont éclaté entre des manifestants d’un côté et les forces de l’ordre et des partisans du parti au pouvoir de l’autre, faisant au moins 94 morts dans tout le pays. Il s’agit du bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début des manifestations antigouvernementales le 1er juillet. Dans la soirée, un couvre-feu est entré en vigueur. L’accès à Internet, lui, a été coupé de manière généralisée ce lundi, d’après des fournisseurs et des organismes de surveillance.

Mise à jour : à 12 h 29, avec plus de détails et la formation d’un gouvernement intérimaire.