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Tensions

L’Afghanistan accuse le Pakistan d’avoir repris les frappes sur son sol, dix civils tués

Après des affrontements meurtriers entre les pays voisins et deux jours de cessez-le-feu, Islamabad a repris ce vendredi 17 octobre les frappes sur le sol afghan, affirme Kaboul.

L'impact d'une frappe sur Kaboul, le 16 octobre 2025 en Afghanistan. (Wakil Kohsar /AFP)
Publié le 17/10/2025 à 21h27, mis à jour le 17/10/2025 à 23h13

La trêve n’a pas tenu. Après deux petits jours de répit, le Pakistan a mené ce vendredi 17 octobre au soir des frappes sur le sol afghan selon Kaboul, rompant le cessez-le-feu qui avait ramené temporairement le calme à la frontière, après des affrontements meurtriers. Peu de temps après la reprise des hostilités, une frappe aérienne sur l’est de l’Afghanistan a causé la mort de dix civils, dont deux enfants et trois joueurs d’une équipe de cricket «qui voyageait pour un tournoi et séjournait dans une auberge», selon un responsable de la fédération afghane.

A l’annonce de la trêve mercredi à 15 heures (heure de Paris), Islamabad affirmait qu’elle devait durer quarante-huit heures, mais l’Afghanistan estimait de son côté qu’elle serait en vigueur jusqu’à sa violation par la partie adverse. Le Pakistan s’en serait donc tenu à sa lecture de la chose. «Il y a quelques minutes, le Pakistan a rompu le cessez-le-feu et bombardé trois endroits [dans la province frontalière de] Paktika», a affirmé un haut responsable taliban sous le couvert de l’anonymat, promettant que son pays «ripostera».

«N’attaquez pas, sauf si les forces pakistanaises le font»

Plus tôt, le porte-parole du gouvernement taliban, Zabihullah Mujahid, avait déclaré : «Nous avons dit aux soldats : «“N’attaquez pas, sauf si les forces pakistanaises le font. Si elles le font, alors vous avez tous les droits de défendre votre pays.”» Il avait estimé, dans un entretien avec la chaîne de télévision afghane Ariana, que des «négociations» pouvaient «régler les problèmes», sans toutefois faire état de pourparlers avec le voisin pakistanais.

A 15 heures, lorsque la trêve avait expiré selon Islamabad, aucune partie n’avait fait état de sa prolongation ni annoncé officiellement de discussions bilatérales à son sujet. «Attendons que les quarante-huit heures soient passées et nous verrons si le cessez-le-feu tient», avait lancé dans l’après-midi Shafqat Ali Khan, le porte-parole du ministère pakistanais des Affaires étrangères.

«Eviter la perte de vies civiles»

Jeudi, le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, avait jugé que la balle était «dans le camp» des autorités de Kaboul. La confrontation entre les deux pays a commencé la semaine dernière après des explosions dans la capitale afghane que les autorités talibanes avaient imputées au voisin pakistanais. En représailles, elles avaient déclenché samedi dernier à la frontière une offensive, à laquelle Islamabad avait promis une «réponse musclée». Les affrontements ont fait des dizaines de morts, des combattants mais aussi des civils, surtout mercredi.

«Notre réponse défensive ne ciblait pas des civils, nous faisons preuve d’une grande prudence pour éviter la perte de vies civiles, contrairement aux forces talibanes», a affirmé Shafqat Ali Khan. Pourtant, la Mission d’assistance des Nations unies en Afghanistan (Manua) a recensé 37 civils tués – 45 en comptant les joueurs de cricket – et 425 blessés du côté afghan de la frontière en ces quelques jours.

A Spin Boldak, une ville afghane accolée à la frontière où s’étaient concentrés les affrontements, la vie avait repris son cours. Le calme était également revenu dans la capitale afghane. La semaine dernière, les premières déflagrations avaient eu lieu au moment où débutait une visite inédite du chef de la diplomatie talibane en Inde, l’ennemi historique du Pakistan.

L’escalade militaire s’inscrit dans des tensions bilatérales récurrentes, alimentées par des questions migratoires et sécuritaires : le Pakistan, confronté à une augmentation des attaques contre ses forces de sécurité, ne cesse d’accuser son voisin afghan d’«abriter» des groupes «terroristes», ce que Kaboul dément.

Mise à jour à 23 h 13 actualisation du bilan.