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Régulation

L’Australie abandonne son bras de fer judiciaire contre X pour le retrait de vidéos violentes

Le régulateur australien chargé de la sécurité en ligne a annoncé ce mercredi 5 juin abandonner les poursuites judiciaires contre le réseau social X (ex-Twitter). Elle le sommait d’enlever des publications violentes montrant une attaque au couteau dans une église de Sydney.
(Rick Rycroft/AP)
publié le 5 juin 2024 à 11h09

La fin d’un bras de fer judiciaire numérique, faut de réussite possible ? Les autorités australiennes ont annoncé ce mercredi 5 juin l’abandon de leurs poursuites judiciaires contre le réseau social X (ex-Twitter) afin de le contraindre à retirer des vidéos montrant une attaque au couteau survenue mi-avril dans une église de Sydney. eSafety, le régulateur australien chargé de la sécurité en ligne, demandait à la firme d’Elon Musk de retirer en Australie et dans le reste du monde les vidéos de l’attaque.

Le réseau social contestait pour sa part le droit de l’autorité australienne à ordonner un retrait mondial, arguant que le géoblocage – une technologie qui restreint l’accès au contenu Internet en fonction de l’emplacement géographique de l’internaute – des utilisateurs en Australie était suffisant. eSafety avait toutefois fait valoir que les mesures prises par le réseau social étaient facilement contournables en utilisant un réseau privé virtuel (VPN) ou un autre service de masquage de localisation.

Si elle n’a pas motivé sa marche arrière, Julie Inman Grant, responsable d’eSafety, a déclaré ce mercredi qu’elle «consoliderait l’action» auprès de l’autorité qui assure un contrôle indépendant du bien-fondé des décisions administratives du gouvernement australien, rapporte la chaîne de télévision américaine CNN. La commissaire australienne à la sécurité de l’internet a toutefois encaissé un récent revers, quand X avait obtenu à la mi-mai la suspension d’une injonction de retirer ces vidéos dans le monde entier.

«Notre seul objectif en formulant notre demande de retrait était d’empêcher que cette séquence extrêmement violente ne devienne virale, n’incite potentiellement à d’autres violences et n’entraîne davantage de préjudices pour la communauté australienne», a rappelé Julie Inman Grant, elle-même ancienne salariée de Twitter.

Refusés à la télé, librement diffusés sur Internet ?

Les publications qui étaient au cœur de ce bras de fer judiciaire sont quelque 65 vidéos et audios montrant le prêtre d’une église assyrienne Mar Mari Emmanuel - qui cumule des millions de vues sur les réseaux sociaux - être poignardé à la tête et à la poitrine par un adolescent de 16 ans lors d’un sermon retransmis en direct. Malgré ses graves blessures, l’ecclésiastique a finalement survécu.

Selon la commissaire Julie Inman Grant, la plupart des Australiens acceptent que de tels contenus ne soient pas diffusés à la télévision. Ce qui «soulève la question évidente de savoir pourquoi [ils] devrai [ent] être autorisé [s] à être distribués librement et accessibles en ligne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, à tout le monde, y compris pour les enfants», a-t-elle déclaré. Elle a par ailleurs affirmé que X retirait régulièrement des contenus à travers le monde entier, citant notamment la suppression d’une compilation de vidéos d’une attaque au couteau ayant eu lieu en avril, dans un centre commercial situé dans la banlieue de Sydney.

D’autres grandes plateformes se sont conformées aux demandes de l’organisme de surveillance australien et aux avis de retrait liés à l’attaque contre le prêtre, a-t-elle également souligné, dont Meta, Microsoft, Google, Snap, TikTok, Reddit et Telegram. «La vidéo violait leurs règles et leurs normes de décence», a-t-elle relevé.

Depuis une loi sur la sécurité en ligne adoptée en 2021, l’Australie est à l’avant-garde des efforts pour exiger que les géants de la technologie soient tenus responsables de ce que leurs utilisateurs publient en ligne.