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Conflit

Le Pakistan frappe l’Inde en riposte à des missiles tirés contre Islamabad

Conflit entre l'Inde et le Pakistandossier
Les deux puissances nucléaires continuent ce samedi 10 mai de s’attaquer mutuellement malgré les injonctions à la désescalade de la communauté internationale.
A Jammu, en Inde, ce samedi 10 mai. (Reuters)
publié aujourd'hui à 9h02

Les appels à «une désescalade immédiate» des pays membres du G7 et des Etats-Unis restent pour l’heure lettre morte. Le Pakistan a frappé ce samedi 10 mai au matin l’Inde après que New Delhi a tiré des missiles sur des bases aériennes pakistanaises. «Une réponse adéquate», pour «venger les morts innocents», a estimé le Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, cité par son bureau. Les deux puissances nucléaires sont engagées dans leur pire confrontation militaire depuis des décennies. «Avec l’opération Edifice compact», lancée dans la nuit de vendredi à samedi, selon des sources pakistanaises de sécurité, «le Pakistan a visé les installations militaires indiennes depuis lesquelles des attaques avaient été lancées contre lui», a expliqué Shehbaz Sharif

«Onze personnes, dont quatre femmes et un enfant» ont été tués dans la nuit, «dans d’intenses bombardements indiens, sur plus de cinq endroits de la Ligne de contrôle», la frontière de facto dans la région disputée, a affirmé de son côté le ministre de l’Information du Cachemire pakistanais, Mazhar Saeed Shah. «Depuis mercredi, 28 personnes ont été tuées et 125 blessées dans des bombardements indiens ou des frappes de missiles», dans la partie du Cachemire administrée par le Pakistan, a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a exhorté les deux pays à «rétablir une communication directe afin d’éviter toute erreur de calcul», a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Tammy Bruce. La Chine a elle aussi appelé «fermement» à éviter toute escalade du conflit.

Selon des sources de sécurité pakistanaises, leur armée a lancé ce samedi une riposte contre l’Inde après que New Delhi eut visé dans la nuit des bases aériennes pakistanaises, dont une aux portes d’Islamabad. Des journalistes de l’AFP ont entendu samedi matin des explosions retentir dans la ville de Srinagar, dans la partie indienne du Cachemire que se disputent les deux pays.

L’armée indienne a confirmé ce samedi avoir été de nouveau attaquée par Islamabad, notamment par des drones, en plusieurs points le long de sa frontière occidentale. Elle a dénoncé «l’escalade évidente du Pakistan». Avant l’aube ce samedi, deux explosions avaient retenti à Islamabad et à Rawalpindi, ville toute proche où se trouvent l’état-major et les services du renseignement.

Le porte-parole de l’armée pakistanaise est alors apparu à la télévision d’Etat pour annoncer que «l’Inde [avait] attaqué avec des missiles […] les bases de Nour Khan, Mourid et Chorkot ont été visées».

Missiles et drones

Mercredi, l’Inde avait frappé le territoire pakistanais, en représailles à un attentat commis le 22 avril dans le Cachemire indien. Cette attaque qui a tué 26 civils n’a pas été revendiquée mais New Delhi accuse Islamabad malgré ses dénégations.

Depuis, les frappes de missiles, les tirs d’artillerie et les attaques de drones se succèdent alors que les deux rivaux depuis leur douloureuse partition en 1947, ignorent tous les appels à l’apaisement.

De son côté, le G7 a mis en garde dans un communiqué contre «la poursuite de l’escalade militaire [qui] constitue une menace sérieuse pour la stabilité régionale». Le groupe a exhorté les deux adversaires «à entreprendre un dialogue direct en vue d’une issue pacifique».

Face à cette escalade, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a aussitôt appelé le chef de l’armée pakistanaise Asim Mounir. Il «a continué d’exhorter les deux parties à trouver des moyens d’arriver à une désescalade et a proposé l’assistance des Etats-Unis pour entamer des discussions constructives afin d’éviter de futurs conflits», selon un communiqué du département d’Etat.

Après la visite de la diplomatie iranienne à Islamabad et New Delhi, le chef de la diplomatie saoudienne, Adel al-Jubeir, a également tenté une médiation en se rendant ces derniers jours dans les deux pays.

Aéroports et écoles fermés

L’espace aérien pakistanais sera fermé «jusqu’à dimanche à 7 heures GMT», soit 9 heures à Paris, a annoncé ce samedi à la mi-journée l’Autorité pakistanaise de l’aviation. New Delhi avait affirmé ces derniers jours avoir été la cible d’une vague d’attaques de drones pakistanais au Cachemire et au Penjab, Etat frontalier dans le nord-ouest. Ce que disent les deux camps est impossible à vérifier de source indépendante, notamment parce que de nombreuses zones sont inaccessibles.

L’Inde a pour sa part fermé 24 aéroports et les médias locaux affirment que le trafic aérien sera suspendu jusqu’à la semaine prochaine. Le centre de réflexion International Crisis Group (ICG) s‘est inquiété de «la rhétorique belliqueuse, l’agitation intérieure et la logique jusqu’au-boutiste de la surenchère».

Des dizaines de millions d’enfants sont également privés d’école des deux côtés de la frontière. L’Inde a pour sa part ordonné au réseau social X de bloquer plus de 8 000 comptes, dont ceux de médias internationaux. Le réseau d’Elon Musk a dit s‘y être conformé à contrecœur, dénonçant une «censure». New Delhi avait déjà exigé l’interdiction de plusieurs comptes de figures politiques, de célébrités ou de médias pakistanais.

Mise à jour à 10h45 avec les déclarations du Premier ministre pakistanais, Shehbaz Sharif, et le bilan annoncé par le ministre de l’Information du Cachemire pakistanais, Mazhar Saeed Shah.