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Libération
Trêve

Conflit Inde-Pakistan : un retour au calme sous tension

Islamabad avait annoncé samedi 10 mai l’arrêt des combats après quatre jours de confrontation militaire entre les deux puissances nucléaires, mais des détonations avaient été entendues de part et d’autre de la frontière dans la soirée.
A Jammu, en Inde, ce samedi 10 mai. (Reuters)
publié le 10 mai 2025 à 9h02
(mis à jour le 11 mai 2025 à 18h34)

Le retour du silence, mais pas de la paix. Après quatre jours de chaos parmi les plus meurtriers de leur histoire depuis des décennies, l’Inde et le Pakistan ont cessé les combats à leur frontière ce dimanche 11 mai. Sous l’impulsion (controversée et contestée) de Donald Trump, les deux pays ont convenu à la surprise générale d’un cessez-le-feu la veille. Un accord qui, avant d’être timidement respecté, aurait été violé par les deux camps dès ses premières heures.

La trêve partait effectivement mal. Au cours de la nuit, les deux nations se sont mutuellement accusées de ne pas respecter l’accord. Chacune dénonçant mutuellement des «violations», les responsables pakistanais déplorant en particulier des «tirs intermittents» à la frontière. Œil pour œil, New Delhi expliquait de son côté avoir répondu aux incivilités de son voisin de «façon appropriée».

Un faux départ ? Dans la matinée, drones, tirs d’artillerie et frappes de missiles s’étaient calmés. «Aucun incident armé ne nous a été rapporté depuis ce matin», déclarait sous couvert d’anonymat à la presse un officier supérieur pakistanais stationné dans la ville de Muzaffarabad. Dans l’après-midi ce dimanche, l’armée indienne a assuré avoir rapatrié ses avions de combat.

Soixantaine de victimes

Le temps calme s’est instauré de façon aussi soudaine que les combats ont éclaté. Jusqu’ici, les deux territoires d’Asie du Sud semblaient aux portes d’une nouvelle guerre. Tout a commencé mercredi, avant l’aube. Ce jour-là, des missiles indiens s’écrasent sur le sol pakistanais et mettent le feu aux poudres. New Delhi explique alors avoir visé un camp dans lequel se trouvent des jihadistes responsables du massacre de 26 civils intervenu deux semaines plus tôt dans sa région du Cachemire. Les meurtriers seraient, d’après l’Inde, soutenus par le Pakistan, ce qu’Islamabad dément. Dans la foulée, le voisin riposte.

Pittoresque région himalayenne, le Cachemire est un point de tension historique entre les deux pays depuis leur indépendance, en 1947. Le territoire est intégralement revendiqué par les deux Etats qui, sur le papier, n’en contrôlent chacun qu’une partie. Un différend qui est source, depuis des années, de guerres sanglantes et pour lequel New Delhi accuse fréquemment son voisin d’actes terroristes. Ces derniers jours, les combats ont ainsi replongé les deux puissances nucléaires dans les pires heures de leur dernier conflit ouvert, survenus en 1999. Pour l’heure, le décompte des victimes demeure partiel et invérifiable. L’AFP rapporte qu’une soixantaine de personnes aurait perdu la vie dans les deux camps.

Une «solution» pour le Cachemire ?

A qui doit-on vraiment la fin de cette nouvelle crise indo-pakistanaise ? Sur ce point, les versions divergent. En annonçant la mise en place d’un cessez-le-feu «COMPLET ET IMMEDIAT» sur son réseau Truth social samedi, Donald Trump a immédiatement érigé les Etats-Unis au rang de médiateur. Tout en confirmant l’accord, l’Inde, cinquième économie mondiale, a toutefois tenu à préciser que la trêve avait été «négociée directement» entre les deux protagonistes.

Pas de quoi réfréner le président américain qui, euphorique, s’est peut-être un peu emballé. Tout en annonçant accroître «considérablement» ses échanges commerciaux avec les deux belligérants, le milliardaire a assuré qu’il travaillerait avec eux pour trouver «une solution concernant le Cachemire». De quoi susciter l’inquiétude et l’indignation de plusieurs députés indiens : le pays rejette depuis des années toute intervention d’un tiers dans ce dossier épineux. Samedi, une source gouvernementale de New Delhi a toutefois assuré à l’AFP qu’aucune décision n’avait été prise de négocier «un quelconque autre sujet» que la fin des opérations militaires.

De Londres à Paris, en passant par l’Iran… A l’annonce du cessez-le-feu, les puissances étrangères ont fait part de leur soulagement. Certains – à l’image du chef de l’ONU, António Guterres – exprimant même l’espoir d’une «paix durable». Un optimisme que les experts consultés par Reuters et l’AFP ne partagent malheureusement pas. Car, si les armes sur le terrain se sont tues, l’hostilité entre les deux pays, elle, gronde encore.

Mise à jour à 18 h 30 avec davantage de contexte.