Menu
Libération
Diplomatie

Le Premier ministre japonais veut rencontrer Kim Jong-un, affirme la sœur du dirigeant nord-coréen

Vers une première visite officielle du Japon en Corée du Nord depuis vingt ans ? Ce serait la volonté du dirigeant nippon, selon Kim Yo-jong dans un communiqué publié par l’agence de presse officielle KCNA.
Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, lors d'une réunion du comité budgétaire au Parlement de Tokyo le 25 mars 2024. (STR/AFP)
publié le 25 mars 2024 à 10h35

La rencontre impossible. Le Premier ministre japonais Fumio Kishida «a récemment fait part de son souhait de rencontrer le président de la Commission des affaires d’Etat de la République populaire démocratique de Corée le plus tôt possible», a affirmé Kim Yo-jong, l’influente sœur du dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, dans un communiqué. Une rencontre qu’elle estime néanmoins peu probable sans un changement de politique du côté de Tokyo.

Devant son Parlement, le Premier ministre japonais a quant à lui estimé «important d’avoir des discussions au sommet avec Pyongyang pour résoudre des contentieux», tout en précisant ne pas être au courant du communiqué signé par la sœur de Kim Jong-un. «C’est pourquoi nous avons entrepris diverses approches avec la Corée du Nord à ce niveau, directement sous mon contrôle, comme je l’ai dit dans le passé», a poursuivi le dirigeant.

En février, Kim Yo-jong, une des personnalités du régime nord-coréen qui s’exprime le plus, laissait déjà entendre que le Premier ministre japonais pourrait être invité à visiter Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord. C’est «la décision politique du Japon qui importe le plus pour ouvrir une nouvelle ère dans les relations entre la Corée du Nord et le Japon», a-t-elle cependant prévenu lundi, appelant Tokyo à ne pas «interférer avec l’exercice de nos droits souverains». Fumio Kishida «doit savoir qu’il ne peut rencontrer notre dirigeant seulement parce qu’il le veut», a lancé Kim Yo-jong.

La blessure profonde de l’affaire des enlèvements

Et la rencontre n’a rien de l’évidence entre ces deux pays au lourd passif, avec, parmi d’autres, l’occupation japonaise de la péninsule de Corée entre 1910 et 1945 ou le lancement de missiles au-dessus du territoire nippon par Pyongyang. Malgré ce conflit historique, Fumio Kishida affirmait déjà l’an dernier souhaiter voir la relation entre Tokyo et la Corée du Nord évoluer, en exprimant devant les Nations unies son vœu de rencontrer Kim Jong-un «sans conditions». Le dirigeant assurait souhaiter résoudre tous les différends, dont «l’affaire des enlèvements».

En 2002, la Corée du Nord avait avoué l’enlèvement de 13 Japonais dans les années 1970 et 1980 pour former ses espions à la langue et à la culture nippones. Une blessure toujours profonde pour le Japon, où des questions persistent, avec au moins 17 kidnappés selon Tokyo, et la disparition de dizaines d’autres Japonais soupçonnée d’être liée aux services nord-coréens. «Je ne sais pas si des discussions auront lieu, parce que c’est la Corée du Nord, mais j’espère qu’un pas, même petit, sera fait. Nous n’avons vraiment plus beaucoup de temps», a déclaré lundi aux médias nippons Sakie Yokota, 88 ans, dont la fille Megumi figure parmi les personnes enlevées. Pour plusieurs analystes, le sujet pourrait entraver les progrès vers un sommet entre les deux dirigeants.

L’ancien Premier ministre nippon Junichiro Koizumi s’était rendu à Pyongyang en 2002 pour une visite historique et une rencontre avec le père de Kim Jong-un, Kim Jong-il, posant ainsi les bases d’une normalisation des relations entre les deux pays. Un sommet qui avait mené à une seconde visite de l’ex Premier ministre japonais, avant que les liens diplomatiques ne rompent rapidement de nouveau, face au doute de Tokyo devant la bonne foi nord-coréenne au sujet des enlèvements.