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Libération
Catastrophe

Le séisme en Birmanie a fait plus de 1 600 morts selon la junte, les experts redoutent un bilan largement plus lourd

Les autorités birmanes ont revu à la hausse le nombre de victimes ce samedi 29 mars dans l’après-midi, tandis que les secours multiplient les efforts pour rechercher des survivants. L’Institut géologique américain anticipe jusqu’à 100 000 victimes possibles.
Une fissure du sol à Sagaing, après un tremblement de terre, ce samedi. (HANDOUT/AFP)
publié le 29 mars 2025 à 8h27
(mis à jour le 29 mars 2025 à 14h57)

Le décompte macabre ne cesse de prendre de l’ampleur. Alors que le bilan matinal faisait état d’un millier de personnes tuées, la junte au pouvoir en Birmanie évoque 1 644 morts et 3 408 blessés ce samedi 29 mars dans l’après-midi. Au moins 139 personnes sont également portées disparues. Le puissant séisme de magnitude 7.7 qui a frappé la région vendredi, ressenti jusqu’en Thaïlande, a été suivi par une réplique de magnitude 6,7 quelques minutes après.

Jamais un séisme d’une telle intensité n’avait frappé la Birmanie depuis des décennies, selon les géologues américains, les secousses étant suffisamment puissantes pour semer la terreur à 1 000 kilomètres de l’épicentre, parmi des millions d’habitants de Bangkok où les séismes sont rarement ressentis.

C’est pour l’instant la région de Mandalay, deuxième ville de Birmanie de plus d’un million d’habitants, qui est considérée comme la zone la plus sinistrée. Située dans le nord du pays, elle se trouve près de l’épicentre du séisme. Plus de 90 personnes seraient notamment piégées ce samedi dans les décombres d’un bâtiment d’habitation, le Sky Villa Condominium, une construction de douze étages qui n’a pas résisté au séisme, selon un responsable de la Croix-Rouge. L’une d’entre elles, une femme de 30 ans, a été miraculeusement sortie vivante des décombres 30 heures après la catastrophe.

Les secousses ont provoqué des scènes de chaos et de désolation en Birmanie, où l’effondrement de maisons, d’immeubles, de ponts ou de sites religieux laissent craindre une catastrophe de grande ampleur dans un pays rendu exsangue par le conflit civil qui dure depuis le coup d’Etat de la junte de 2021. Les moyens de communication étant endommagés, l’étendue du désastre reste encore difficile à évaluer.

Mais selon l’analyse de l’Institut géologique américain (USGS), il existe une probabilité de 35 % que le bilan des victimes se situe dans une fourchette de 10 000 à 100 000 personnes. «Il faut s’attendre à un grand nombre de victimes et des dégâts importants, et la zone de la catastrophe est probablement étendue», a affirmé l’entité américaine. Celle-ci précise également que le coût financier de cette catastrophe pourrait atteindre des dizaines de milliards de dollars, avertissant que cela pourrait dépasser le PIB du pays.

Appel au secours à «tout pays, toute organisation»

Les autorités ont déclaré l’état d’urgence dans les six régions les plus affectées. Le chef de la junte Min Aung Hlaing a lancé un rare appel à l’aide internationale, invitant «tout pays, toute organisation» à venir apporter son secours. Par le passé, les régimes militaires étaient réticents à demander un soutien de l’étranger après des catastrophes naturelles.

Un avion chargé de kits d’hygiène, de couvertures, de nourriture et d’autres produits de première nécessité a atterri samedi à Rangoun, en provenance d’Inde. La Chine a annoncé l’envoi d’une équipe de 82 secouristes. La France, l’Union européenne et l’Indonésie ont aussi proposé leur assistance, tandis que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé le déclenchement de son système de gestion des urgences. «Nous allons les aider […] C’est terrible ce qu’il se passe», a déclaré le président américain Donald Trump vendredi.

Les agences humanitaires ont prévenu que la Birmanie n’était absolument pas préparée à faire face à une catastrophe de cette ampleur. Le conflit civil a déplacé quelque 3,5 millions de personnes, selon les Nations unies, qui ont prévenu fin janvier que 15 millions de Birmans risquaient de souffrir de la faim en 2025, avant même que le tremblement de terre ne survienne.

De l’autre côté de la frontière, en Thaïlande, des secouristes se sont relayés toute la nuit à la recherche de survivants dans les décombres d’un bâtiment en construction de 30 étages qui s’est effondré à Bangkok en quelques secondes sous l’effet des secousses. La chute de la tour a englouti des dizaines d’ouvriers, piégés dans une montagne de gravats et de poutres d’acier déformées.

Le gouverneur de Bangkok Chadchart Sittipunt a déclaré qu’une dizaine de personnes ont été tuées dans la capitale thaïlandaise, la plupart sur le site de construction, mais prévenu que le bilan pourrait s’alourdir. La métropole a ordonné le déploiement de plus d’une centaine de spécialistes pour contrôler la sécurité des bâtiments, après avoir reçu plus de 2 000 signalements de dommages.

Mise à jour : à 14h57, avec l’ajout du nouveau bilan humain annoncé par la junte.