Les parents vietnamiens peuvent désormais choisir le nombre d’enfants qu’ils souhaitent. Le pays a abandonné la limite de deux enfants par famille, en place depuis 1988, a rapporté ce mercredi 4 juin l‘agence d’information du pays communiste.
Ces trois dernières années, dans le pays qui compte environ 100 millions d’habitants, le taux de fécondité s’est situé en dessous du seuil de renouvellement fixé à 2,1 enfants par femme, atteignant des niveaux «historiquement» bas, a déploré le ministère de la Santé. En 2021, de 2,11, le chiffre a chuté à 2,01 en 2022, puis 1,96 et enfin, 1,91 l’an dernier. Le phénomène touche en particulier Hanoï (Nord) et Hô Chi Minh-Ville (Sud), les deux poumons économiques du Vietnam, où les salaires n’intègrent pas la hausse du coût de la vie.
Préférence pour les garçons
La baisse du nombre moyen d’enfants par femme pose des problèmes à long terme pour la croissance économique, a insisté la ministre adjointe de la Santé, Nguyen Thi Lien Huong, citant le vieillissement de la population ou la réduction de la main-d’œuvre. Elle a exhorté la société à changer d’état d’esprit et à ne plus se concentrer uniquement sur la planification familiale, mais à adopter une perspective plus large en matière de population et de développement.
Le Vietnam est également confronté à un déséquilibre des sexes dû à une préférence historique pour les garçons – les femmes et les filles étant considérées comme ayant moins de valeur, selon le Fonds des Nations unies pour la population. Selon un recensement de 2019 réalisé dans pays, le ratio garçons-filles à la naissance a été cette année-là de 111,5 garçons pour 100 filles, «ce qui est plus élevé que le ratio biologique standard, qui se situe autour de 105 garçons pour 100 filles», explique sur son site internet l’agence de développement internationale. Bien qu’au Vietnam il soit interdit de pratiquer un avortement pour des raisons de sélection du sexe, il arrive fréquemment que les grossesses soient interrompues à la découverte d’un fœtus féminin. Les cliniques qui enfreignent cette loi sont passibles de sanctions. Mais mardi 3 juin, selon les médias d’Etat, le ministère de la Santé a proposé de tripler l’amende actuelle pour la porter à 3 800 dollars «afin de freiner la sélection du sexe du fœtus».
Dans la lignée de Pékin
La Chine, voisine du Vietnam, a lancé sa politique de limitation des naissances à la fin des années 1970 afin d’enrayer une explosion démographique. A partir de 2016, divers assouplissements successifs ont permis à tous les couples d’avoir trois enfants s’ils le souhaitent. Mais leurs bénéfices tardent à se faire sentir. Comme dans de nombreux pays, la hausse du coût de la vie a freiné les taux de natalité et ces mesures n’ont pas permis d’inverser le déclin démographique de la Chine, dont la population a baissé pour la troisième année consécutive en 2024.
Ces dix dernières années, le taux de fécondité a baissé dans la plupart des pays d’Asie du Sud-Est, où Singapour et la Thaïlande, les deux pays les plus touchés, affichent un taux autour de 1 enfant par femme.