C’était prévisible. Le parti conservateur (PPP) du président sud-coréen, Yoon Suk-yeol, a été largement battu par l’opposition lors des élections législatives, mercredi 10 avril. Avec 174 sièges, contre 156 dans la précédente législature, le Parti démocratique de Lee Jae-myung, principal opposant de l’actuel président, et ses alliés, sont les grands vainqueurs de ce scrutin. Mais la surprise de ces élections est sans aucun doute la présence de Reconstruire la Corée au sein du Parlement. Fondé il y a à peine un mois par l’ancien ministre de la Justice, Cho Kuk, le parti a obtenu 12 sièges. «Le peuple a gagné, la volonté de juger Yoon Suk-yeol est très claire», a-t-il déclaré dans les médias locaux.
Dans la foulée des résultats, symbole d’une colère montante contre les élites en Corée du Sud, le chef du Parti du pouvoir au peuple (PPP), Han Dong-hoon, le Premier ministre, Han Duck-soo, et une série de collaborateurs de haut rang ont présenté leur démission, d’après les médias locaux. Affaibli, Yoon Suk-yeol a promis de mettre en place des «réformes» et «d’honorer la volonté du peuple exprimée lors des élections générales, réformer les affaires de l’Etat et faire de [son] mieux pour stabiliser l’économie et les moyens de subsistance de la population». La victoire est donc écrasante pour les partis d’opposition, mais pas totale. Ces derniers jours, les sondages prévoyaient une super-majorité de 200 sièges sur 300 à l’Assemblée nationale. Un score qui aurait permis d’empêcher toutes tentatives de veto de la part du Président ou de le destituer.
Victime de son impopularité
Yoon Suk-yeol paie avant tout une forte contestation populaire à son égard. Entre la grève des médecins, l’inflation et une jeunesse qui a le sentiment d’être oubliée, la cote de popularité du Président n’a jamais décollé. Elle s’est même effondrée avec l’affaire de l’oignon vert : en mars, le président sud-coréen était incapable de donner le prix exact du légume, ce qui symbolisait, pour de nombreux Sud-Coréens, sa déconnexion à la réalité.
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Depuis des semaines, la colère de la population s’est transformée en haine contre la classe politique sur les réseaux sociaux. Après des appels à «punir» le dirigeant, et «emprisonner» son opposant, Lee Jae-myung, de nombreux experts s’inquiètent de possibles actes d’agressions physiques sur les élus. Début janvier, le chef de file du Parti démocratique avait fini en soins intensifs après avoir été poignardé au cou.
Avec cette victoire aux législatives, l’opposition peut désormais rêver de présidentielle. Lee Jae-myung, candidat malheureux en 2022, qui avait perdu de peu face à Yoon Suk-yeol, ne cache pas son envie de retenter sa chance en 2027. «Je regarderai le choix du peuple avec un cœur humble», a-t-il déclaré à l’issue du scrutin. Connu pour son combat contre les inégalités – il a rendu gratuit les soins pour les femmes enceintes dans la province de Gyeonggi dont il était gouverneur –, l’ancien avocat ne fait malgré tout pas l’unanimité. Il est notamment accusé de tremper dans plusieurs affaires de corruption, comme la plupart des élus Sud-Coréens.