C’est un jour de fête nationale qui doit célébrer le meilleur du pays. C’est aussi une date qui fait mal. Chaque 26 janvier, alors que les festivités battent leur plein en Australie, les Premières Nations marchent à travers le pays pour rappeler que ce jour symbolise surtout le début de la colonisation. Et dans les cortèges, nombreux sont les non-aborigènes qui leur apportent désormais leur soutien.
Sur le sol, une bâche bleue est couverte de panneaux en carton. Agenouillés, une poignée de jeunes écologistes appliquent les couleurs du drapeau aborigène : rouge pour la terre, noir pour les hommes et jaune pour le soleil. En cours d’écriture, un slogan ordonne : «Abolissez la date !» Réservés, les militants affirment simplement vouloir marcher «par solidarité» et «parce que la lutte contre le réchauffement climatique va de pair avec la justice sociale». Ils soutiennent donc «naturellement» leurs frères aborigènes, même s’ils ne savent pas forcément à quoi correspond cette date.
«Voir et entendre la douleur»
Auteur iconoclaste d’une «histoire non officielle de l’Australie» (Girt, non traduit), David Hunt confirme cette méconnaissance à Libération. Selon lui, si on leur posait la question, beaucoup d’Australiens répondraient : «Pour ce que j’en sais moi… Va plutôt nous chercher une autre bière !» Plus sérieusement, il explique : «Australia Day commémore l’arrivée [en 1788] du gros de la première flotte à Sydney Cove, le gouverneur Arthur Phillip qui lève le drapeau