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Libération
Reportage

«Les militaires ne comprennent que le langage des armes» : au Kachin, la résistance face à l’armée birmane

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Depuis le coup d’Etat du 1er février, l’Etat Kachin accueille des opposants à la junte et forme des milliers de jeunes à un entraînement militaire. Et le fédéralisme marque des points face aux risque de division ethnique.
Des baraquements, le 24 avril au Kachin (Birmanie). (Alexis Favreau)
par Juliette Verlin, Envoyée spéciale à Myitkyina (Birmanie)
publié le 26 juin 2021 à 14h10

Assis à l’entrée de son baraquement en bois, Hpan (1) se prépare pour une nuit de garde. Le jeune homme vient de finir son entraînement militaire au sein de la Kachin Independence Army (KIA), l’une des armées rebelles les plus actives du pays. «C’est la chose la plus difficile que j’ai faite de ma vie», raconte-t-il, sourire aux lèvres. En attente d’une mission, il a pourtant choisi de prolonger son séjour près du quartier général de la KIA, à Laiza, près de la frontière chinoise. Maintenant que ses courbatures se sont estompées, le jeune homme se remémore avec fierté ses 45 jours d’entraînement.

Au programme, maniement d’AK-K7, course à pied dans la jungle, creusement de bunker antibombardements et exercices de déplacement nocturne. «Nous étions debout à 4 heures 30 pour aller courir. Puis c’était le petit-déjeuner, et entraînement toute la journée, raconte-t-il. Mon exercice préféré, c’était l’attaque en groupe de quatre ou cinq personnes, réparties par rôle, avec un tireur de précision, un poseur de bombes… comme pour l’attaque d’un poste de police.» La moitié de ses camarades sont d’anciens membres de la KIA venus pour rafraîchir leurs compétences, l’autre vient de la ville et des villages aux quatre coins du pays.

Douche tous les quatre jours

Pour Hpan et ses amis, nés au sein de familles aisées, les nuits sont courtes, hantées par la peur d’un bombardement ennemi, et l’adaptation physique est douloureuse. «Je suis en manque d’un bon curry», s’amuse-t-il. Ils se lav