C’est la une qui fait mal. Le jour où les Khmers rouges fondent sur la capitale Phnom Penh, le 17 avril 1975, Libération titre : «Le drapeau de la résistance flotte sur Phnom Penh.» Celle du lendemain est pire : «Sept jours de fête pour une libération.» En plus de la guerre au Vietnam qui fait rage, le journal consacre beaucoup d’espace à la «victoire des forces révolutionnaires» au Cambodge. Il annonce la «fin de la famine et de la corruption», raconte «l’accueil enthousiaste fait aux forces de libération par la population». Libération savoure le moment.
Bien sûr, avec les lunettes de 2025 et à l’heure de l’info multisupports en temps réel, il est aisé de condamner ces titres, ce ton et ces infos. Il faut se rappeler cependant que, même si des éléments inquiétants avaient filtré sur la manière dont se comportaient les Khmers rouges dans les zones «libérées» depuis 1970, rien – ou si peu – n’était connu sur l’utopie meurtrière des hommes de Pol Pot. Le 17 avril 1975, le grand ma