Menu
Libération
Escalade

Missiles contre tirs d’artillerie : la frontière entre l’Inde et le Pakistan s’embrase, au moins 34 morts

Conflit entre l'Inde et le Pakistandossier
L’escalade entre les deux pays depuis l’attentat au Cachemire qui a fait 26 morts le 22 avril, dont l’Inde accuse le Pakistan, a franchi un nouveau palier dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 mai.
La ville Muzaffarabad au Cachemire pakistanais. (Stringer/Reuters)
publié le 6 mai 2025 à 23h17
(mis à jour le 7 mai 2025 à 7h33)

De la guerre larvée au conflit ouvert ? L’Inde et le Pakistan se sont mutuellement bombardés tôt ce mercredi 7 mai, faisant au moins 26 morts côté pakistanais et huit autres côté indien, ce qui semble être les violences les plus importantes entre les deux puissances nucléaires en deux décennies.

Depuis que des hommes armés ont abattu 26 hommes au Cachemire indien le 22 avril, le feu couvait entre les deux voisins, rivaux depuis leur partition en 1947. Mais l’escalade diplomatique est devenue militaire dans la nuit de mardi à mercredi.

Les deux armées ont échangé des tirs d’artillerie le long de leur frontière contestée au Cachemire, quelques heures après des frappes indiennes sur le sol pakistanais en représailles à l’attentat meurtrier de Pahalgam.

L‘Inde a aussi tiré des missiles sur neuf sites abritant selon elle des «infrastructures terroristes» au Pakistan. L’un des sites ciblés dans la nuit par l’armée indienne est la mosquée Subhan, à Bahawalpur, dans le Pendjab pakistanais, liée selon le renseignement indien à des groupes proches du mouvement jihadiste Lashkar-e-Taiba (LeT).

L’Inde accuse ce groupe, soupçonné des attaques qui avaient fait 166 morts à Bombay en 2008, d’avoir mené l’attentat de Pahalgam. Islamabad a démenti toute implication dans l’attentat, le plus meurtrier à avoir visé des civils au Cachemire depuis plus de 20 ans.

De nombreuses victimes civiles

Les missiles indiens qui se sont abattus sur six villes au Cachemire et au Pendjab pakistanais et les échanges de tirs au Cachemire ont tué au moins 26 civils, dont deux fillettes de 3 ans et un garçonnet de 5 ans, et en ont blessé 46 autres, selon le porte-parole de l’armée pakistanaise, le général Ahmed Chaudhry.

L’Inde a pour sa part fait état de 8 morts et 29 blessés dans le village cachemiri indien de Poonch (nord-ouest) lors des tirs d’artillerie. De violentes explosions ont également été entendues plus tôt dans la nuit autour de Srinagar, la principale ville de la partie indienne du Cachemire.

Au matin, une source sécuritaire indienne a fait savoir que trois chasseurs de l’armée de l’air indienne s’étaient écrasés, pour des raisons qui n’ont pas été immédiatement précisées. Les débris de deux appareils ont été retrouvés dans la partie indienne du Cachemire, l’autre dans l’Etat indien du Pendjab (nord-ouest), a précisé sous couvert d’anonymat cette source, sans donner de précision sur le sort des pilotes.

Plus tôt, le ministre pakistanais de la Défense Khawaja Asif avait assuré que le Pakistan avait abattu «cinq avions ennemis» sans donner plus de détails. Il était également revenu sur une déclaration précédente dans laquelle il assurait que des soldats indiens avaient été capturés.

Les Etats-Unis appellent à «résolution responsable»

L’armée indienne et le Comité de la sécurité nationale, convoqué uniquement pour les urgences extrêmes à Islamabad, doivent tenir dans la matinée ce mercredi des points de presse.

Peu avant ces frappes, le département d’Etat américain avait dit avoir appelé l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires, à œuvrer à une «résolution responsable» de leur différend. Donald Trump a dit espérer que les affrontements entre Inde et Pakistan «s’arrêtent très rapidement».

Depuis une dizaine de nuits, soldats indiens et pakistanais échangaient des tirs d’armes légères le long de la frontière qui sépare leurs pays. Sans avoir fait de victimes pour l’instant, selon New Delhi

Ces derniers jours, le Pakistan, qui annonçait depuis quelques jours s’attendre à une attaque aérienne, a de son côté procédé à deux tirs d’essai de missiles sol-sol. Celui conduit samedi concernait un engin d’une portée de 450 km, la distance qui sépare la frontière pakistanaise de la capitale indienne New Delhi.

L’Inde doit précisément mener mercredi des exercices de défense civile visant, selon son ministère de l’Information, à préparer la population à «se protéger en cas d’attaque». Dans ce climat, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a exhorté lundi les deux pays à «s’éloigner du précipice».

Mise à jour : ce mercredi 7 mai à 7h33, avec l’ajout du bilan militaire et humain de la nuit.