Menu
Libération
Reportage

Manifestations en Birmanie : «Je n’ai pas peur de mourir»

Article réservé aux abonnés
A Rangoun, bravant la loi martiale, de longues colonnes de manifestants ont envahi les rues de la capitale économique du pays ce mardi, et ont fait face aux interventions des forces de sécurité.
Des manifestants dans les rues de Rangoun ont protesté contre le coup d'Etat militaire ce mardi. (Reuters)
par Juliette Verlin, Correspondante à Rangoun
publié le 9 février 2021 à 13h08

«On édicte nos propres règles, aujourd’hui», lance Ko Latt, un grand sourire aux lèvres. Ce motard est venu de l’extérieur de Rangoun avec ses amis pour venir manifester dans le centre-ville. Drapeaux de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) au guidon, autocollants à l’effigie d’Aung San Suu Kyi sur le pare-brise, il lève la main, trois doigts dressés, quand il croise d’autres manifestants. Ko Latt sait qu’à Rangoun, les scooters et les motos sont interdits. Pour toute réponse, il fait vrombir son moteur.

Les manifestations des jours précédents semblent avoir préparé le terrain pour celle qui se tient ce mardi à Rangoun. Dès 8h30, les larges avenues du centre-ville historique grouillent d’interminables colonnes de manifestants, vêtus du rouge et or du parti d’Aung San Suu Kyi. Leurs chants révolutionnaires font vibrer les murs de la ville. Les Birmans n’ont aucune nouvelle de leurs dirigeants depuis leur arrestation le 1er février. Chaque jour qu’ils passent en résidence surveillée, à Naypyidaw, la capitale, fait monter la colère dans les rues.

«Min Aung Hlaing, dehors !»

«Mère Suu, libérez-là chante Ma Na Na, étudiante, au milieu d’un cortège qui se dirige, comme tous les autres, vers la pagode Sule, en face de l’hôtel de ville. A côté d’elle, sa mère et l’un de ses amis sont venus l’accompagner. «Min Aung Hlaing, dehors crient-ils en chœur à l’encontre du