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Crise

Manifestations en Corée du Sud à la veille de la date butoir mandat d’arrêt émis contre son président

Les enquêteurs ont jusqu’au milieu de l’après-midi ce lundi 6 janvier pour exécuter le mandat d’arrêt émis contre Yoon Suk Yeol. Un moment choisi par le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken pour se rendre dans le pays.
Une opposante au président déchu Yoon Suk Yeol à Séoul, ce dimanche. (Philip Fong/AFP)
publié le 5 janvier 2025 à 19h09

Des milliers de partisans et détracteurs du président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol ont bravé la neige ce dimanche 5 janvier à Séoul, à la veille de l’expiration d’un mandat d’arrêt émis contre lui pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale début décembre. Devant sa résidence, des soutiens de l’ex-procureur vedette sont venus en nombre pour réclamer l’annulation de sa destitution par le Parlement, malgré le froid et le manteau blanc qui a recouvert la capitale pendant la nuit. Les opposants du président déchu, quant à eux, exigent son arrestation, après une première tentative infructueuse des enquêteurs, tenus en échec vendredi par la garde présidentielle.

Les enquêteurs ont jusqu’au milieu de l’après-midi lundi pour exécuter le mandat d’arrêt émis contre Yoon afin de le contraindre à répondre aux questions sur sa brève mise en œuvre de la loi martiale. Cet ancien procureur de 64 ans est sous le coup de plusieurs enquêtes, en particulier pour «rébellion», accusé d’avoir fait vaciller la démocratie sud-coréenne dans la nuit du 3 au 4 décembre avec son coup de force, qui a ravivé le douloureux souvenir de la dictature militaire.

Au Parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant de députés avait réussi à voter une motion exigeant la levée de l’état d’exception. Sous la pression de ces élus, de milliers de manifestants et contraint par la Constitution, Yoon Suk Yeol avait dû obtempérer quelques heures après sa mesure choc. Le 14 décembre, l’Assemblée nationale a adopté une motion de destitution contre Yoon Suk Yeol. Il reste cependant officiellement le président titulaire en attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur son cas, d’ici à la mi-juin. S’il était arrêté, il s’agirait d’une première pour un chef de l’Etat sud-coréen en exercice.

Yoon, chouchou du gouvernement américain

Dans le même temps, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken est arrivé en Corée du Sud. Yoon a naguère été le chouchou de l’actuel gouvernement des Etats-Unis en raison de ses mesures audacieuses pour tourner la page des frictions avec l’archipel nippon et sa volonté de faire jouer à son pays un rôle plus important sur la scène internationale. Le chef de l’Etat sud-coréen déchu avait rejoint Joe Biden pour un sommet historique à trois avec le Premier ministre japonais et – des mois avant de décréter la loi martiale – avait été choisi pour présider un sommet mondial sur la démocratie, une initiative phare de l’administration américaine sortante.

Dans un communiqué, le département d’Etat n’a pas directement évoqué la situation politique sud-coréenne mais a souligné que Blinken chercherait à préserver la coopération trilatérale avec le Japon, qui a notamment permis d’accroître le partage de renseignements sur la Corée du Nord. Paradoxalement, alors que Joe Biden travaillait en étroite collaboration avec le conservateur Yoon Suk Yeol, Donald Trump, au cours de son premier mandat, entretenait des relations chaleureuses avec le président progressiste de l’époque, Moon Jae-in, qui a encouragé la diplomatie personnelle du milliardaire américain avec Pyongyang.