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Collision

Mer de Chine méridionale : nouvel accrochage entre un navire chinois et un navire philippin

Deux navires battant pavillon chinois et philippin sont entrés en collision ce lundi 19 août lors d’un nouvel accrochage près d’un récif disputé en mer de Chine méridionale. Les deux pays se rejettent mutuellement la responsabilité de l’incident.
L'incident a eu lieu près de l'atoll Sabina, situé à 140 kilomètres à l'ouest de l'île philippine de Palawan. (China Coast Guard/Reuters)
publié le 19 août 2024 à 10h55

Regain de tensions maritimes entre Manille et Pékin. Un navire chinois et un navire philippin sont entrés en collision ce lundi 19 août lors d’une altercation près d’un haut-fond contesté en mer de Chine méridionale, ont annoncé les médias d’Etat de Pékin et des responsables philippins. L’incident a eu lieu près de l’atoll Sabina, situé à 140 kilomètres à l’ouest de l’île philippine de Palawan. «En dépit de multiples mises en garde de la partie chinoise, le navire philippin 4410 est entré délibérément en collision avec le navire chinois 21551», a déclaré la télévision publique CCTV, citant un porte-parole des garde-côtes chinois, Gan Yu.

Au cours des derniers mois, les tensions entre Pékin et Manille se sont intensifiées, notamment à la suite d’une série de confrontations dans cet espace maritime. La Chine revendique en effet une grande partie des îles et récifs de la mer de Chine méridionale, y compris des eaux et des îles proches des côtes de plusieurs pays voisins (Philippines, Indonésie, Vietnam, Brunei, Malaisie, Singapour et Taiwan). Elle entend ainsi étendre sa souveraineté sur 80 % de cette mer, mettant en avant des «droits de passage historiques» qui n’ont pas de valeur légale.

Manœuvre «dangereuse»

Selon Manille, cet incident est la première action hostile de Pékin dans cette zone, où les deux parties stationnent des navires de garde-côtes depuis plusieurs mois et où les Philippines redoutent que la Chine soit sur le point de construire une île artificielle. Le contre-amiral Jay Tarriela, un porte-parole des garde-côtes philippins, a alors fait savoir que le navire chinois avait fait un trou dans la coque du navire philippin, le BRP Bagacay, lors de la première collision. Puis une nouvelle collision a cabossé le navire et endommagé ses garde-corps, a-t-il ajouté, signalant aussi des dommages sur la coque – un trou d’1,1 mètre – et le pot d’échappement sur un autre navire philippin, le BRP Engano.

Côté chinois, Gan Yu a lui rejeté la faute sur Manille, dénonçant une manœuvre «non professionnelle et dangereuse». «Les navires des garde-côtes philippins ont pénétré illégalement dans les eaux proches du récif de Xianbin, dans les îles Nansha, sans l’autorisation du gouvernement chinois», a-t-il affirmé, en employant les noms chinois de l’atoll Sabina et des îles Spratleys. «Les garde-côtes chinois ont pris des mesures de contrôle contre les navires philippins conformément à la loi», a-t-il ajouté.

Sur les images publiées par CCTV, la télévision chinoise, un navire, identifié par Pékin comme battant pavillon philippin, entre en collision avec un bateau chinois sur son flanc bâbord, avant de poursuivre sa route. Les bandeaux d’information de CCTV affirment que l’incident s’est produit après que le navire philippin a opéré un «changement de direction soudain». Mais pour le directeur général du Conseil philippin de sécurité nationale, Jonathan Malaya, «ce n’est pas [le BRP Bagacay] qui a percuté [l’autre navire], c’est l’inverse». «Les preuves physiques le démontrent», a-t-il insisté.

Après ce nouvel accrochage, la Chine a alors promis ce lundi de poursuivre ses «mesures énergiques» en mer de Chine méridionale. Les actions des bateaux philippins ont «violé sérieusement la souveraineté de la Chine», a dénoncé Mao Ning, porte-parole du ministère des affaires étrangères, et Pékin «continuera de prendre des mesures résolues et énergiques conformément à la loi pour sauvegarder sa souveraineté territoriale et ses droits et intérêts maritimes».