Il était considéré comme l’homme le plus puissant du pays. Nguyen Phu Trong, le secrétaire général du Parti communiste vietnamien (PCV), au pouvoir depuis 2011, est mort ce vendredi 19 juillet à l’âge de 80 ans. «En raison de son âge avancé et de la maladie, il est décédé à 13 h 38 (8 h 38 heure française)» dans un hôpital militaire d’Hanoï, la capitale, a annoncé le parti au pouvoir dans un communiqué, qui précise que des informations suivront «sur l’organisation des funérailles au niveau national».
La veille, le parti avait annoncé sa mise en retrait temporaire pour des raisons de santé. Et désigné l’actuel président de la république et ancien ministre de la Sécurité publique, To Lam, 67 ans, pour assurer l’intérim. Dans ce pays de presque 100 millions d’habitants, le secrétaire général du Parti communiste est le personnage le plus important, devant le Premier ministre, le président et le président de l’Assemblée nationale – deux postes que Nguyen Phu Trong avait également occupés.
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Né en 1944 dans la banlieue de Hanoï, dans ce qui était alors l’Indochine française, Nguyen Phu Trong a gravi un à un les échelons du PCV. Jusqu’à intégrer, en 1997, le tout-puissant Bureau politique du parti, qui détermine les orientations politiques du pays. Il était finalement devenu secrétaire général du PCV en 2011, durant une période fragile pour le pouvoir, entre économie chancelante et ressentiment généralisé en raison de la corruption systémique. Ce vendredi, Nguyen Phu Trong devient le premier secrétaire général à mourir au pouvoir depuis le dirigeant Le Duan, mort en 1986. Il est aussi le premier à avoir connu trois mandats consécutifs à la tête du Parti communiste, depuis la libéralisation économique entamée en 1986.
Une purge sans limite
En restant plus de treize années à la tête du PCV, Nguyen Phu Trong a affiché une longévité remarquable. Mais son mandat a aussi coïncidé avec une dérive autoritaire du Vietnam, que dénoncent depuis plusieurs années les groupes de défense des droits humains. Les politiques du dirigeant, réputé discret, ont contribué à étendre l’emprise de l’appareil communiste sur le pays, dans une période de boom des échanges commerciaux, mais au détriment des droits humains et des libertés fondamentales.
Par-dessus tout, le technocrate restera connu pour avoir été l’architecte d’une vaste campagne qui a traduit en justice plus de 4 400 personnes dans plus de 1 700 affaires de corruption et de fraude depuis 2021. Une purge qui a conduit à la déchéance de dizaines de chefs d’entreprise, ministres, responsables des forces de sécurités et autres personnalités de premier plan. Et qui a aussi renforcé le pouvoir autour de sa personne et de son clan.
La mort de Nguyen Phu Trong tombe deux jours avant le 70e anniversaire des accords de Genève, qui marquent la fin de la guerre d’Indochine, et qui ont scellé la partition du Vietnam entre le Nord communiste et le Sud pro américain. Au moment de l’annonce du décès du dirigeant ce vendredi, plusieurs sites d’information vietnamiens ont affiché un bandeau noir, prélude à une période de deuil national qui devrait voir l’annulation de certaines festivités.
La «diplomatie du bambou»
A l’international, les réactions ne se sont pas fait attendre. Le Parti communiste chinois (PCC) a adressé ce vendredi ses «condoléances» au PCV après la mort de Nguyen Phu Trong, connu pour être en bons termes avec Pékin, a fait savoir la télévision d’Etat chinoise, CCTV. De son côté, l’ambassadeur américain au Vietnam, Marc E. Knapper, a salué dans un communiqué «un leader visionnaire qui, pendant des décennies, a servi de pont entre le Vietnam et les Etats-Unis, comme il l’a fait avec le reste de la communauté internationale».
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Avec ses partenaires étrangers, Nguyen Phu Trong a appliqué au fil des années les principes pragmatiques de sa «diplomatie du bambou», prenant soin d’entretenir ses relations avec Washington comme avec Pékin, dans un souci de maintenir une autonomie face aux deux superpuissances.
Peu après le Parti communiste chinois, Vladimir Poutine a rendu à son tour hommage à l’ancien dirigeant ce vendredi. «En Russie, on se souviendra toujours de lui comme d’un véritable ami de notre pays qui a apporté une grande contribution personnelle à l’établissement et au développement du partenariat stratégique global entre Moscou et Hanoï», a écrit le président russe dans un courrier publié par le Kremlin et adressé au nouvel homme fort vietnamien, To Lam.