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Disparition

Mort du père François Ponchaud qui avait révélé le génocide cambodgien

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En publiant «Cambodge, année zéro» dès 1977, ce prêtre catholique avait documenté l’ampleur et le systématisme des crimes perpétrés par les Khmers rouges, responsables d’au moins 1,7 million de morts entre 1975 et 1979.
François Ponchaud avec des enfants khmers en 2009, sur les rives du fleuve Mékong au Cambodge. (Philippe Lissac/Photononstop via AFP)
publié le 17 janvier 2025 à 20h36

Il était arrivé en bateau au Cambodge en octobre 1965. Le royaume khmer n’avait dès lors plus quitté l’esprit et une certaine raison d’être chez François Ponchaud. Même depuis son retour en France, en 2021 à Lauris, où il s’était retiré à la maison de retraite des Missions étrangères de Paris. Il y est mort ce vendredi 17 janvier à l’âge de 85 ans. Ce prêtre aux yeux d’azur, à la parole ferme et à l’énergie tenace aura œuvré pendant plus de cinquante ans auprès des Cambodgiens, qui n’ont pas oublié tout ce qu’ils lui doivent.

Grand mensonge et grand silence

Le père Ponchaud a été l’un des premiers à avoir révélé au monde l’ampleur des massacres perpétrés entre le 17 avril 1975 et le 7 janvier 1979 par les Khmers rouges, qui ont fait au moins 1,7 million de morts. Il parlait khmer, l’avait étudié pendant trois ans, avant de traduire la Bible et des textes religieux. Il officie dans la région de Kampong Cham (nord-est de Phnom Penh) dans les années 1969-1975 quand il assiste à la fratricide guerre civile et à la montée en puissance des révolutionnaires de la forêt, nourris aux idéaux de la Révolution française, du marxisme-léninisme et du maoïsme. Ils entendent faire table rase du passé et promettent un nouveau Cambodge débarrassé des impérialistes, de la société féodale et des colonisateurs.

Quand les Khmers rouges prennent Phnom Penh le 17 avril 1975, il est bloqué à l’ambassade de France qui devient p