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Répression

Népal : au moins 19 morts et 400 blessés lors d’une manifestation contre le blocage des réseaux sociaux, l’ONU demande une enquête

Les forces de l’ordre auraient tiré à balles réelles, ce lundi 8 septembre à Katmandou, sur une foule de plusieurs milliers de personnes qui se rapprochait du Parlement pour contester les décisions autoritaires du gouvernement.

A Katmandou ce lundi 8 septembre 2025. (Prabin Ranabhat /AFP)
Publié le 08/09/2025 à 18h11, mis à jour le 08/09/2025 à 21h48

Une répression sanglante. La police népalaise a violemment dispersé ce lundi 8 septembre dans la capitale Katmandou une manifestation contre le blocage des réseaux sociaux et la corruption du gouvernement, faisant au moins 19 morts et plus de 400 blessés.

Alors que plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale népalaise, Katmandou, des affrontements étaient toujours en cours en fin d’après-midi. La police tentait de disperser le dernier carré des protestataires, selon des journalistes de l’AFP. Le gouvernement du Premier ministre Khadga Prasad Sharma Oli devait se réunir en urgence en soirée pour faire le point de la situation.

Les forces de l’ordre sont intervenues lorsque les manifestants se sont rapprochés du Parlement, dont elles avaient bloqué l’accès, notamment avec des barbelés. Certains manifestants ont alors tenté de franchir le cordon de sécurité mis en place par la police. «Nous avons utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau quand les manifestants ont pénétré dans la zone interdite», a justifié auprès de l’AFP le porte-parole de la police. Mais selon des témoignages anonymes publiés par les médias locaux, la police a tiré à balles réelles sur la foule pour la contenir.

Au moins trois des victimes ont succombé à leurs blessures à l’Hôpital civil de Katmanadou tout proche, qui a accueilli plus de 150 blessés, selon une porte-parole de l’établissement, Ranjana Nepal. «Je n’ai jamais vu un tel chaos à l’hôpital», a-t-elle témoigné. «Les gaz lacrymogènes se sont propagés dans les locaux et ont rendu difficile le travail des médecins».

Les Nations unies ont demandé lundi l’ouverture «rapide» d’une enquête «transparente», a écrit dans un communiqué la porte-parole du bureau des droits de l’homme de l’ONU, Ravina Shamdasani, en se disant «choquée» par ces événements.

«Corruption institutionnalisée»

La fronde populaire a démarré jeudi, lorsque le ministère népalais de la Communication et des Technologies de l’information a annoncé avoir ordonné le blocage de 26 plateformes, dont Facebook, Youtube, X et Linkedin, qui ne se sont pas enregistrées auprès de lui dans les délais. En application d’un arrêt rendu en 2023 par la Cour suprême, le ministère exige qu’elles nomment un représentant local et une personne chargée de la régulation de leurs contenus.

Cette décision, qui a continué lundi à perturber de nombreuses activités, a convaincu de nombreux usagers en colère de descendre dans la rue.

Depuis l’entrée en vigueur du blocage, les plateformes encore en service, comme Tiktok, sont inondées de vidéos mettant en cause la vie luxueuse des enfants de responsables politiques. «Il y a eu des mobilisations contre la corruption partout dans le monde, [nos dirigeants] redoutent qu’il en soit de même ici», a commenté un autre protestataire, Bhumika Bharati.

Dans une déclaration publiée dimanche, le gouvernement a démenti vouloir limiter les libertés de pensée et d’expression et affirmé que sa décision visait à créer «un environnement destiné à leur protection et à leur libre exercice». Il a répété que le fonctionnement des plateformes visées serait rétabli sitôt le dépôt d’une demande d’enregistrement de leur part. Le blocage décrété jeudi n’est pas inédit : en juillet dernier, le gouvernement avait déjà suspendu la messagerie Telegram en raison, selon lui, d’une hausse des fraudes en ligne.

Mise à jour à 21 h 48 avec un nouveau bilan