L’ancienne cheffe de la Cour suprême du Népal, Sushila Karki, est devenue vendredi 12 septembre, à 73 ans, Première ministre d’un gouvernement provisoire. Elle est chargée, après les émeutes meurtrières qui ont fait 72 morts d’après un nouveau bilan, d’assurer la transition jusqu’à des élections fixées en mars prochain. Sa nomination a été accueillie comme un soulagement par de nombreux Népalais.
Après avoir réservé samedi sa première sortie aux blessés des émeutes, Sushila Karki s’est engagée ce dimanche 14 septembre à ne rester en poste que six mois et à répondre aux revendications des manifestants ; qui réclament «la fin de la corruption». Des élections législatives étant prévues le 5 mars 2026.
Dans l'oeil de Libé
«Nous devons travailler en accord avec la pensée de la génération Z», a dit Sushila Karki dans ses premières déclarations publiques depuis son entrée en fonction, après la démission du chef du gouvernement KP Sharma Oli - quatre fois Premier ministre depuis 2015 -. «Ce que ce groupe réclame, c’est la fin de la corruption, une bonne gouvernance et l’égalité économique», a exposé l’ancienne présidente de la Cour suprême. Et d’ajouter : «Vous et moi devons être déterminés à atteindre cet objectif.»
La capitale, Katmandou, a été le théâtre lundi et mardi de violentes manifestations antigouvernementales qui ont fait au moins 72 morts et 191 blessés, selon un nouveau bilan communiqué dimanche par le secrétaire en chef du gouvernement, Eaknarayan Aryal. Le précédent bilan faisait état de 51 personnes tuées.
Sushila Karki a observé une minute de silence dimanche à la mémoire des victimes de ces troubles, les plus graves depuis l’abolition de la monarchie en 2008. Partie lundi de la colère suscitée par le blocage des réseaux sociaux, la fronde a débordé en révolte politique contre un gouvernement jugé corrompu et incapable de répondre à ses aspirations, notamment en matière d’emploi et de niveau de vie. Plus de 20 % des jeunes népalais de 15 à 24 ans sont au chômage, selon les estimations de la Banque mondiale, et le produit intérieur brut (PIB) annuel par habitant frôle les 1 450 dollars.
La nouvelle cheffe de l’exécutif a ensuite entamé une série de réunions dans le complexe gouvernemental de Singha Durbar de la capitale, Katmandou, dont plusieurs bâtiments avaient été incendiés lors des manifestations mardi. Quelques heures après la prestation de serment de Sushila Karki, l’armée a allégé samedi matin le couvre-feu en vigueur dans la capitale et les autres villes du pays. Dans la capitale, chars et blindés se sont faits plus discrets, les commerces et marchés ont retrouvé leurs clients et les temples leurs fidèles.
Mise à jour : à 11 heures, ajout de contexte.