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Libération
Billet

Non, Peng Shuai n’est pas libre

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Les images de la championne de tennis chinoise publiées au compte-gouttes par les médias d’Etat signifient seulement qu’elle est vivante. S’en contenter est la trahir.

Le président du CIO, Thomas Bach, s'est entretenu avec Peng Shuai le 21 novembre. (Greg Martin/IOC/AFP)
ParLaurence Defranoux
Journaliste - International
Publié le 06/12/2021 à 18h47

Un homme assis sur une chaise. Hors champ, un cameraman qui le filme, un journaliste qui lui montre le texte, et sept agents du ministère de la Sécurité d’Etat, les services secrets chinois. Dans une longue lettre ouverte envoyée, le 2 décembre, à Thomas Bach, le patron du Comité olympique international (CIO), le Suédois Peter Dahlin a fait dessiner la manière dont il a, en 2016, été forcé à apparaître à la télévision d’Etat chinoise alors qu’il était détenu au secret : «Exactement comme pour Peng Shuai, cette mise en scène a été utilisée pour contrer les critiques internationales sur ma disparition. Le téléspectateur n’a vu, bien sûr, que mon visage à la télévision “parlant librement” de la façon dont j’étais “bien traité” et expliquant que “personne ne devait s’inquiéter pour moi”.»

Sur un autre croquis, on voit l’ancien journaliste britannique Peter Humphrey enfermé dans une cage entourée d’une trentaine de personnes : drogué, il «confesse» avoir «obtenu des informations illégales». De même, une photo montre la célèbre avocate Wang Yu tranquillement interviewée en plein air – après plusieurs mois de détention et de torture, elle a accepté de participer à cette mascarade après que la police a menacé son fils adolescen