Ils étaient venus en Nouvelle-Calédonie pour y passer des vacances, mais la crise politique qui a éclaté la semaine dernière a percuté leurs projets. Plusieurs centaines de touristes français et étrangers sont bloquées depuis dans l’archipel océanien. Le mercredi 15 mai, l’état d’urgence a été déclaré en raison des manifestations violentes qui s’y déroulent en réaction à une réforme du corps électoral de l’exécutif. Les opérations d’évacuation, orchestrées par l’Australie et la Nouvelle-Zélande voisines, ont commencé mardi. Après avoir attendu plusieurs jours le feu vert des autorités françaises, plusieurs avions militaires ont décollé en quelques heures de l’aéroport de Magenta, un quartier de l’est de Nouméa. L’aéroport international de la capitale est fermé aux vols commerciaux jusqu’à ce samedi au moins, pour des raisons de sécurité.
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Au total, l’Australie a fait savoir qu’elle avait enregistré 300 demandes d’évacuation de la part de ses ressortissants. Ce mercredi 22 mai, le Haut-Commissaire de la République en Nouvelle-Calédonie, Louis Le Franc, a estimé à «une centaine» le nombre de touristes qui «ont déjà regagné leur territoire grâce à des vols affrétés par leurs autorités», avec l’appui de la France. D’autres n’ont pas encore été contactés par les autorités compétentes, ou n’ont pas trouvé de solution pour rallier le lieu d’évacuation.
Auprès de la presse australienne, un médecin originaire de l’Etat de Victoria, peu concerné par les questions politiques locales, se désole de voir gâchées ses «premières vacances romantiques sans enfant» qu’il imaginait vivre avec son épouse. «Nous passons chaque nuit ici avec un œil ouvert, en espérant que nous ne serons pas attaqués par des pillards et des émeutiers», raconte-t-il.
«Certains ont besoin de médicaments»
«Nous sommes à court de médicaments essentiels pour le cardio, l’épilepsie, les migraines sévères et les problèmes intestinaux. C’est très stressant», alerte sur le réseau social X (anciennement Twitter) un autre touriste australien, coincé sur l’Île des Pins, dans le sud de l’archipel. Depuis le début du mouvement social, la semaine dernière, les barrages sur les routes et les attaques de structures de santé telles que des pharmacies ont provoqué de vives tensions sur les médicaments. Selon l’internaute, qui interpelle les autorités australiennes, une douzaine de ses compatriotes seraient également présents sur celle qui est surnommée «l’île la plus proche du paradis» pour ses grandes plages de sable fin. «Certains ont besoin de médicaments, la nourriture est rationnée et aucun moyen de transport n’est disponible pour rentrer» sur Grande Terre, l’île où se trouvent Nouméa et l’aéroport de Magenta, déplore-t-il.
Témoignages
Mardi, le Haut-Commissariat à la République a annoncé que l’arrivée de «renforts de sécurité» allait permettre d’établir des «mesures d’accompagnement des touristes français résidant hors de Nouvelle-Calédonie […] qui souhaiteraient rejoindre leur domicile». Environ 150 Polynésiens sont notamment bloqués sur place, selon le gouvernement de la collectivité d’outre-mer. «On commence à voir les ressortissants australiens et néo-zélandais quitter petit à petit l’hôtel, pour nous c’est un spectacle de désolation, on est dans l’expectative, sans nouvelle de qui que ce soit. […] On est oublié, piégé, coincé. On n’a pas de solution, on se sent totalement impuissant par rapport à cette situation», regrette un entrepreneur tahitien sur le site du média ultramarin La Première. Les opérations d’évacuation entamées mardi doivent se poursuivre jusqu’à la réouverture des vols commerciaux à l’aéroport de Nouméa, prévue samedi.