Les violences continuent dans l’archipel. Un homme a été tué ce jeudi 15 août en Nouvelle-Calédonie par un tir de gendarme lors d’un affrontement entre émeutiers et forces de l’ordre à Thio, dans l’est du territoire, portant à onze le nombre de décès depuis le début de la crise mi-mai, selon le procureur de Nouméa.
Les faits se sont produits lors d’une opération de déblaiement d’une route provinciale, vers 6 heures du matin. Les gendarmes tentaient de dégager cet axe, entravé par une «vingtaine d’individus» qui l’avaient notamment barré d’un engin de chantier. La situation a dégénéré et un gendarme a été blessé au visage par un jet de pierre. «L’escadron de gendarmes mobiles était violemment pris à partie, dans leur manœuvre de dégagement de l’axe, en subissant des jets de pierre, des cocktails Molotov et des tirs d’arme à feu» auxquels ils ont «riposté», a décrit le procureur Yves Dupas.
Lors de ces affrontements, un premier «homme parmi les assaillants» est blessé à 6 h 30 «au niveau du cou» et son «pronostic vital» reste «engagé». Dix minutes plus tard, du fait d’un autre «tir de riposte», «un homme était atteint au niveau de la tête», a expliqué le procureur. Cet homme de 43 ans, habitant de la localité de Thio, est mort durant son transfert vers l’hôpital.
Couvre-feu et restrictions
Trois enquêtes distinctes ont été ouvertes pour faire la lumière sur ce décès. Deux d’entre elles concernent les faits de violences à l’encontre des forces de l’ordre. Pour la troisième, «le parquet a saisi l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) de l’enquête sur les conditions de l’usage des armes par les gendarmes mobiles», notamment «sur les qualifications de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner».
La sécurité n’est pas totalement rétablie en Nouvelle-Calédonie, où les affrontements entre émeutiers et forces de l’ordre liés à la réforme du corps électoral ont débuté le 13 mai dernier. Une situation toujours suffisamment tendue pour justifier, aux yeux du Haut-commissariat, le maintien d’un couvre-feu de 22 heures à 5 heures, de même que l’interdiction du port et du transport d’armes et la vente d’alcool.
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Les violences qui touchent la Nouvelle-Calédonie depuis trois mois, qui ont donc provoqué la mort de onze personnes, dont deux gendarmes, ont entraîné une importante vague de départs. Encore difficile à quantifier, le phénomène inquiète en raison de ses lourdes conséquences potentielles, notamment sur le système de santé. Selon les chiffres du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, les destructions, pillages et incendies ont causé au moins 2,2 milliards d’euros de dégâts.
Mise à jour : 14 h 24 avec plus de détails.